Des rendements « intéressants » pour encore dix ans (en français)

Par Éric Morin | 10 mai 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Warakorn Harnprasop / 123RF

La performance des marchés d’actions pourrait se maintenir à 5 % en moyenne dans les dix prochaines années, mais avec une certaine volatilité, croit Éric Morin, analyste principal pour Gestion d’actifs CIBC.

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« Les performances extraordinaires qu’on a vues en 2020 et début 2021 étaient dues à des facteurs transitoires comme la renormalisation de l’activité économique, la découverte de plusieurs vaccins et le début des vaccinations, et l’établissement d’une nouvelle dynamique entre les banques centrales et les politiques monétaires à l’échelle internationale », résume Éric Morin.

Mais ces facteurs n’ont été que temporaires et ne se répéteront pas, prévient l’expert. Il entrevoit des rendements plus « normaux » dans les prochaines années. Déjà, on trouve moins d’aubaines sur les marchés que voilà 12 mois, si on se fie au niveau élevé qu’ont atteint les ratios cours-bénéfice. Les rendements seront donc « modestes », mais tout de même « intéressants », croit-il.

« L’économie est loin d’une demande excédentaire, on est loin de la surchauffe. L’écart entre la production et le PIB potentiel est encore assez large. De plus, les politiques fiscales devraient rester accommodantes avec des taux d’intérêt faibles dans les pays développés. Tout cela est rendu possible par une inflation qui va demeurer faible », explique Éric Morin.

D’où son estimation de 5 % de rendement en moyenne « dans beaucoup de catégories ». Il s’attend même à des 9 % pour les marchés émergents d’Asie et d’Europe de l’Est, et 6 à 7 % pour l’Europe et le Canada. Aux États-Unis en revanche, ses prévisions tombent sous la barre des 5 % annuels étant donnée la surévaluation actuelle des marchés.

L’envers de la médaille de cette croissance durable, c’est la volatilité. « Il va y avoir des divergences entre les pays selon leur taux de vaccination. Le retour à la normale et l’expansion économique ne seront pas linéaires », entrevoit Éric Morin.

Selon lui, cette non-linéarité se traduira par une inflation volatile à court terme, avec des hausses de la demande en période d’inventaire faible, des pénuries de certains matériaux, et des montées des prix des matières premières. Mais à long terme, « les perspectives d’inflation sont modestes », rapporte-t-il.

« La courbe de Phillips, qui établit une relation entre la vigueur économique et l’inflation, s’est atténuée dans le temps pour des raisons structurelles. Il y a moins de pression sur les salaires que par le passé. D’ici 3 à 5 ans, quand l’économie sera vigoureuse, on devrait s’attendre à une inflation faible, et cela soutient une politique fiscale qui demeurera accommodante, car une inflation faible rend possibles des taux d’intérêt à bas niveau », argue Éric Morin.

Sa conclusion pour les investisseurs : « Attendez-vous à plus de volatilité et plus d’hétérogénéité entre les performances sur les marchés. Il sera plus important que jamais de bien diversifier son portefeuille tant au niveau géographique que sectoriel. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Homme effectuant un travail comptable.

Éric Morin

Analyste principal, G10, Multiclasse d’actifs et gestion des devises Éric Morin contribue à la recherche économique qui sert de fondement à l’élaboration des perspectives macroéconomiques de notre firme. Il est également chargé de couvrir les économies du G10 dans le cadre du processus de gestion de la répartition des placements en devises. Avant de se joindre à Gestion d’actifs CIBC, M. Morin a travaillé à la Banque du Canada comme économiste principal au sein du département des Analyses de l’économie internationale. Il a commencé sa carrière à la Section des États-Unis, où il était notamment responsable de la surveillance des événements économiques aux États-Unis, et a occupé le poste d’économiste principal sur les perspectives macroéconomiques américaines. Il a ensuite occupé des postes dans d’autres sections, où il couvrait les économies avancées, comme le Canada, la zone euro et le Japon. En outre, il a été économiste invité de la Banque centrale européenne. M. Morin a obtenu son B.A.A. en économie appliquée de l’École des hautes études commerciales de Montréal et sa maîtrise en économie de l’Université du Québec à Montréal.