Donald Trump à l’assaut de la loi Dodd-Frank

Par La rédaction | 6 février 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Alors qu’il a souvent critiqué Wall Street et sa mainmise sur le gouvernement pendant la campagne électorale, voici que Donald Trump lance un assaut majeur contre les règles adoptées aux États-Unis pour prévenir une autre crise financière comme celle de 2008.

Il faut croire que le nouveau président américain s’est réconcilié rapidement avec l’industrie financière une fois élu. Après avoir notamment nommé deux anciens de Goldman Sachs comme stratège en chef et secrétaire au Trésor, il s’attaque maintenant à la loi Dodd-Frank. Dans un décret signé vendredi, il exige sa révision complète.

Il ne s’est pas arrêté là. Dans un deuxième décret, il stoppe et envisage une révision d’une règle du département du Travail exigeant des courtiers qu’ils agissent dans le meilleur intérêt des clients plutôt que de rechercher le plus grand profit pour eux-mêmes.

AUTO-RÉGULATION?

Le New York Times y voit un vaste effort pour diminuer la réglementation des banques et autres entreprises financières. De son côté, Donald Trump justifie ces décrets par une volonté d’augmenter l’accès des entreprises au crédit. « Ils ne peuvent simplement pas avoir d’argent, parce que les banques ne leur prêtent pas en raison des règles et réglementations [sic] de Dodd-Frank », dit-il.

Le président soutient que personne n’est mieux placé que Jamie Dimon, le dirigeant de JP Morgan Chase, pour lui parler de Dodd-Frank et qu’il écoutera ses conseils. JP Morgan Chase a souvent été dans la mire des régulateurs américains depuis 2008.

Lisa Donner, directrice générale d’Americans for Financial Reform, considère ces décrets comme des trahisons aux promesses électorales de Donald Trump, censé tenir tête à Wall Street.

« L’administration entend apparemment offrir la réglementation financière en pâture au géant de Wall Street Goldman Sachs, et faciliter sa tâche et celle d’autres géants comme Wells Fargo lorsqu’elles volent leurs consommateurs et déstabilisent l’économie », déplore-t-elle.

LE CONGRÈS DU CÔTÉ DES BANQUES

Bien sûr, il ne suffit pas d’un coup de plume du président pour abolir Dodd-Frank. Le Congrès, largement acquis aux républicains, doit lui-même réécrire la loi. Mais les décrets présidentiels indiquent aux agences financières comment elles doivent, ou non, appliquer les règles en place.

Quant au Congrès, il ne semble pas particulièrement attaché à l’idée d’une réglementation financière sévère, du moins du côté des républicains, qui ont longtemps combattu l’ex-président Barack Obama sur le sujet. Le sénateur Patrick McHenry, vice-président de la commission des services financiers, a d’ailleurs demandé à la banque centrale américaine de cesser toute discussion sur la régulation bancaire au niveau international. Selon lui, ces pourparlers vont à l’encontre des intentions politiques de Donald Trump et nuisent aux intérêts américains, aboutissant à des mesures étouffant l’économie des États-Unis.

Voilà qui donne un coup dur aux négociations comme celles de Bâle III, qui abordent des questions telles que le relèvement des niveaux de fonds propres que les banques doivent détenir afin d’absorber d’éventuelles pertes. Déjà, lors de la plus récente rencontre au Chili, les Américains et Britanniques n’ont pu s’entendre avec leurs collègues européens sur la définition des risques et les niveaux de fonds propres. Les décisions ont été remises sine die.

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