Environ 2 800 actionnaires interpellent François Legault

Par La rédaction | 4 septembre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Porte-voix
Photo : 123RF

Le Regroupement des actionnaires de Nemaska enjoint au premier ministre du Québec de ne pas autoriser l’investissement conjoint de The Pallinghurst Group et Investissement Québec (IQ) dans cette entreprise en restructuration.

Le conseil des ministres doit bientôt statuer sur un investissement initial de 95 millions de dollars de la part d’IQ dans une compagnie privée détenue à parts égales avec The Pallinghurst Group, pour le rachat des actifs de Nemaska Lithium inc. (NMX).

Le montant investi par Pallinghurst reste inconnu, mais Alain Clavet, président du Regroupement des actionnaires de Nemaska et auteur de la lettre, assure qu’il sera dérisoire par rapport aux réels besoins financiers de la relance de Nemaska. Rien ne garantit non plus, selon lui, que Pallinghurst dispose de la capacité financière de respecter son engagement à augmenter son financement à l’avenir. 

Le Regroupement représente 2 800 actionnaires détenant 140 millions d’actions NMX à la Bourse de Toronto. Cela représente 17 % de l’actionnariat de l’entreprise.

Le titre a toutefois été radié de la Bourse au début de février dernier. Il se négociait alors à 16,5 cents l’action, pour une capitalisation de 140 millions de dollars, bien loin de sa valeur de janvier 2018, alors que l’action atteignait un sommet de 2,44 $. Un effondrement boursier de 93 %, rappelait récemment le chroniqueur du Journal de Montréal, Michel Girard.

NE PAS OUBLIER LES PETITS ACTIONNAIRES

« Nous vous demandons de pousser le conseil des ministres à refuser l’autorisation de cet investissement dans sa forme actuelle, pour plutôt supporter pour le même montant toute proposition de refinancement qui tienne compte des actionnaires actuels, écrit M. Clavet. Si le gouvernement du Québec décidait d’injecter directement dans NMX la même somme qu’il propose avec Pallinghurst, il y a fort à parier qu’une portion importante des actionnaires actuels répondraient présents à un appel de capital. »

Le président du Regroupement dénonce une offre de rachat qui laisserait en plan les actionnaires de NMX, parmi lesquels on retrouve 25 000 familles québécoises qui ont investi dans le projet. 

« PATENTE À GOSSES »

Le 23 décembre dernier, Nemaska Lithium s’est placée à l’abri de ses créanciers. Elle estimait alors avoir besoin de 1,1 milliard de dollars pour compléter son projet, qui vise à extraire du minerai de spodumène de la mine Whabouchi, pour le transformer en sels de lithium dans une usine de Shawinigan. Les sels seraient ensuite vendus à des fabricants de composantes de batteries rechargeables au lithium-ion. 

Quelques mois plus tard, le ministre de l’Économie et de l’Innovation du Québec, Pierre Fitzgibbon, qualifiait le premier montage financier de Nemaska Lithium de « patente à gosses », notamment parce que certains actionnaires comme SoftBank ou Orion pouvait acheter de la production « à escompte ». Une « patente à gosses » dans laquelle l’État québécois a investi 130 millions de dollars sous le gouvernement libéral, dont 80 millions en capital-actions à Investissement Québec.

Le Journal de Montréal a aussi révélé la semaine dernière que Nemaska Lithium a fait l’objet de cinq dénonciations à l’Autorité des marchés financiers (AMF). L’Autorité refuse toutefois de préciser la nature des plaintes ou d’indiquer si elles ont déclenché une enquête. Comme le disait l’un des petits actionnaires, « ça sent bizarre » cette histoire…

La rédaction