ESG : des défis différents 

Par Didier Bert | 2 août 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les investisseurs nord-américains et européens ne font pas face aux mêmes obstacles dans leurs stratégies d’investissement durable.

Si les capitaux du monde entier affluent vers les investissements respectant les facteurs ESG (Environnement, Social et Gouvernance), un certain nombre d’obstacles demeurent. Toutefois, ces freins ne sont pas de même nature en Amérique du Nord et en Europe.

Sur notre continent, le défi principal est la perception que l’investissement durable pourrait générer des rendements négatifs, selon 42 % des investisseurs nord-américains, indique l’enquête de la firme PitchBook portant l’investissement durable.

Mais ce défi n’est pas partagé en Europe, où seuls 20 % des investisseurs observent que cette perception est un obstacle au développement de l’investissement durable.

D’ailleurs, l’utilisation du cadre de risques ESG ne se traduit pas par des rendements inférieurs. Les investisseurs qui s’engagent à respecter les principes ESG ont obtenu d’aussi bons résultats que leurs homologues qui ne s’alignent pas sur ces principes, pointe une récente analyse de PitchBook.

« En Europe, certains sont négatifs à l’égard de l’ESG, mais si vous regardez les moyennes, c’est beaucoup plus accepté qu’en Amérique du Nord », indique Hilary Wiek, stratège principal de PitchBook et coauteur du rapport, par communiqué. « Aux États-Unis, la bataille est en cours, et les adversaires sont de plus en plus forts. »

Il est à noter que les investisseurs qui s’inquiétaient d’obtenir des rendements négatifs en appliquant les principes ESG sont susceptibles de s’inquiéter également du respect des obligations fiduciaires. Près du quart des investisseurs nord-américains citent cette préoccupation comme un défi majeur… alors que c’est le cas de seulement 7 % des investisseurs européens.

Aux États-Unis, la question se pose de savoir si la responsabilité fiduciaire est respectée quand on applique les principes ESG. Au contraire, en Europe, des voix se font entendre pour affirmer que la responsabilité fiduciaire n’est pas respectée si on n’utilise pas les principes ESG, souligne l’enquête.

Par ailleurs, aux États-Unis, la question est largement débattue dans le domaine politique, avec des états qui limitent les investissements ESG. En Europe, c’est plutôt le champ réglementaire qui préoccupe les investisseurs. Les réglementations floues ou trop lourdes sont un défi majeur pour 29 % des investisseurs européens interrogés, contre seulement 19 % des investisseurs nord-américains.

Mais tout ne diffère pas totalement d’un continent à l’autre. Des deux côtés de l’océan Atlantique, plus d’un investisseur sur trois (39 %) considère qu’un des plus grands défis réside dans le manque de clarté sur la définition et sur la mesure de l’impact des investissements ESG.

Didier Bert

Didier Bert est journaliste indépendant. Il collabore à plusieurs médias sur les thèmes de l’économie, des finances et du droit.