Fonds communs : bientôt des cotes de risque uniformes

Par Marie-Josée Richard et Jean-François Parent | 3 juillet 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
3 minutes de lecture
Man jumping from a rock

Qui dit faible appétit pour le risque, dit produits peu risqués. La règle paraît simple, et pourtant.

Les cotes de risque servant de balises pour qualifier le risque d’un fonds commun ne sont pas une science exacte. Ainsi, deux manufacturiers offrant le même type de fonds peuvent par exemple en arriver à deux cotes de risque différentes.

« On peut retrouver des fonds classés comme moyens alors qu’ils sont à haut risque », explique Robert Pouliot, spécialiste de la gestion du risque et administrateur de la Fondation canadienne pour l’avancement des droits des investisseurs, FAIR Canada.

« Par exemple, les fonds [aurifères] comme le BMG Gold (Bullion) Fund [de la torontoise Bullion Management Group] sont considérés comme ayant un risque de bas à moyen, alors que le risque associé est un peu plus élevé que ça. On est donc devant une dichotomie, une cacophonie en raison de méthodes de calcul différentes. »

Lors du colloque de conformité du Conseil des fonds d’investissement du Québec, à l’automne 2012, l’analyste de l’Autorité des marchés financiers Chantal Leclerc déplorait quant à elle que certains manufacturiers classifient tous leurs produits sous une même enseigne de risque, des revenus fixes aux actions des pays émergents.

À l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC), le lobby national qui réunit tant les manufacturiers que les distributeurs de fonds communs, on a bien tenté de normaliser la pratique en proposant d’utiliser l’écart-type. Ce calcul statistique de dispersion du rendement par rapport à sa moyenne mesure la volatilité passée d’un fonds. On retrouve cinq échelles de risque, allant de faible à élevé, déterminées selon les résultats du calcul. Mais la méthode n’est pas obligatoire. Et elle est incomplète.

« Le hic, observe Robert Pouliot, est que cela ne tient pas compte de nombreux autres facteurs de risque, comme la durée de l’échéance en fonds obligataire et les frais divers qui réduisent la performance. »

Les régulateurs s’en mêlent

Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) ont ainsi lancé l’hiver dernier une ronde de consultations, balisée par l’Avis 81-324 des ACVM : Consultation sur la méthode de classification du risque des organismes de placement collectif proposée pour l’aperçu du fonds.

Terminées en mars dernier, ces consultations avaient pour objet de sonder l’industrie quant au besoin de la doter d’une méthode normalisée de classification du risque. Les ACVM proposent essentiellement une version renouvelée de la méthode IFIC, à quelques exceptions près : l’IFIC mesurait les rendements sur trois à cinq ans, tandis que les ACVM proposent une mesure sur dix ans.

Les ACVM ajoutent également un échelon de risque (voir encadré) à la classification du risque, proposant ainsi un classement en six catégories, alors que l’IFIC en suggère cinq.

La classification du risque proposée par les ACVM, calculée selon la variation (%) de la dispersion : • Faible – écart-type allant de 0 à 2 % • faible à moyen – de 2 à 6 % • moyen – de 6 à 12 % • moyen à élevé – de 12 à 18 % • élevé – de 18 à 28 % • très élevé – plus de 28 %

Selon les ACVM, « l’écart-type constitue la mesure de volatilité la plus largement acceptée, sa méthode de calcul est établie, bien connue, et il fournit une évaluation uniforme du risque pour un vaste éventail de fonds d’investissement », peut-on lire dans le document de consultations.

Les régulateurs estiment ainsi que l’on mettrait un terme à ce qu’ils considèrent comme une initiative qui « laisse une latitude considérable à l’exercice du jugement et de la subjectivité ».

Page suivante >>

Marie-Josée Richard et Jean-François Parent