Fraudes à la Ponzi : trois fois plus de pertes en 2016

Par La rédaction | 14 août 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Depuis le temps que ce piège défraie les manchettes, on pourrait croire que les investisseurs sont plus méfiants face aux stratagèmes à la Ponzi. Pourtant, de récentes données montrent qu’en 2016, les pertes causées par ce type d’arnaque ont triplé aux États-Unis, rappelle le quotidien économique français Les Echos.

Commençons par la bonne nouvelle. Les chiffres de Ponzitracker et Dynamic Securities analytics montrent que le nombre de stratagèmes à la Ponzi diminue. On en a dénombré 59 en 2016, contre 61 en 2015 et 70 en 2014.

Toutefois, les pertes liées à ces fraudes, elles, ont bondi. En 2016, elles se sont élevées à 2,3 milliards de dollars américains (2,9 G $CAN), soit trois fois plus qu’en 2015 (800 millions de dollars américains, ou 1,01 G $CAN).

UNE FRAUDE DE 1 G$

La palme (ou le citron…) de l’arnaque 2016 revient au fonds de couverture Platinum Partners. Ce dernier a floué près de 600 investisseurs pour un montant d’un milliard de dollars américains (1,27 G $CAN). Son fondateur, Marc Nordlicht, y est allé d’un grand classique : se forger une solide réputation en présentant de juteux rendements avoisinant les 17 % par an.

Écran de fumée, bien sûr. L’argent amassé auprès d’investisseurs servait à rémunérer les autres investisseurs. Comme c’est généralement le cas dans un tel stratagème, la bulle a éclaté quand les clients ont voulu récupérer leur argent.

C’est dans les États les plus fortunés (New York, Californie, Floride) que les arnaqueurs frappent le plus souvent. Ils trouvent beaucoup de victimes potentielles, notamment des retraités assez aisés à la recherche de bons rendements.

LOURDES PEINES

Chose certaine, la justice américaine ne badine plus avec ce genre de crime financier depuis l’affaire Madoff. Les peines d’emprisonnement vont de 60 à 240 mois pour les pertes supérieures à 20 M $US, mais inférieures à 100 M $US, rappellent Les Echos. Au-delà de ce seuil, chaque million vaut 21 jours d’incarcération supplémentaires à l’auteur de la supercherie.

Les sanctions peuvent donc être très lourdes, comme l’a appris à ses dépends Michael Stewart. En 2016, celui qui opérait dans le secteur immobilier a été condamné à 14 années de prison. Il avait causé des pertes de 169 millions de dollars. En février 2017, Paul Burks a été condamné à 15 ans de prison. Âgé de 70 ans, il risque donc de finir sa vie derrière les barreaux. Il faut dire que sa pyramide avait atteint plus d’un milliard de dollars et avait fait des dizaines de milliers de victimes. Ces dernières pourront toutefois récupérer de 60 à 75 % de leurs pertes, un fait rarissime dans ce genre d’affaires.

RECORD CANADIEN

Au Canada, la plus grosse pyramide de Ponzi recensée à ce jour est celle de Gary Sorenson et Milowe Brost. Ces derniers ont floué entre 2 000 et 3 000 investisseurs, dont un tiers de Canadiens, d’un montant qui pourrait atteindre 400 millions de dollars entre 1999 et 2008. Ils vendaient de faux placements dans des compagnies minières et des firmes d’investissements, avant de simplement empocher l’argent eux-mêmes. En 2015, les deux complices ont écopé d’une sentence de douze ans de prison.

La multiplication de ce genre de scandales et les publicités implorant les investisseurs de se méfier nuit aux professionnels du conseil financier indépendants, bien malgré eux. Les investisseurs se tournent de plus en plus vers les grandes institutions financières, dont l’image de marque inspire davantage confiance, au détriment des petits cabinets, déplorait Fabien Major, fondateur de Major Gestion Privée/Assante, dans Le Devoir en décembre 2016.

Pourtant, comme l’ont montré le récent scandale touchant Wells Fargo et les révélations sur les pratiques de vente douteuses de banques canadiennes, les grandes institutions financières peuvent aussi présenter des risques. L’investisseur doit garder l’œil ouvert, en tout temps. Car où il y a des hommes, il y a de l’hommerie…

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