Google dans la gestion de patrimoine?

Par La rédaction | 18 novembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Piotr Swat / 123RF

Il y a quelques jours, on apprenait que Google comptait lancer un service de compte chèques, dans un partenariat avec Citigroup et une coopérative financière de l’Université Stanford. Un article de Financial-planning se demande si cela pourrait être un premier pas vers une entrée plus massive dans les services financiers, notamment dans les placements et la gestion de patrimoine.

Le projet de Google permettra aux usagers d’accéder à leurs comptes bancaires par l’entremise de l’application Google Pay dès le début de 2020, selon Bloomberg. 

Est-ce que le géant des technos pourrait ensuite se lancer dans la gestion de patrimoine, par exemple en s’associant à un courtier? « Il n’y a vraiment pas grand-chose qui pourrait les empêcher de construire une plateforme d’investissement plus large », soutient Greg O’Gara, analyste de recherche principal à Aite Group.

L’an dernier, plusieurs entreprises des fintechs, comme des applications de micro-investissement et des conseillers-robots, ont établi des partenariats avec des institutions financières traditionnelles pour surmonter rapidement les barrières réglementaires et se lancer dans les comptes bancaires et le prêt. Apple a fait de même en s’associant à Goldman Sachs pour lancer sa carte de crédit en mars dernier. Cela lui évite d’avoir à obtenir sa propre charte bancaire.

UN MARCHÉ DIFFICILE

Mais Google verrait-elle un intérêt à se lancer dans la gestion de patrimoine? Le conseil financier numérique est déjà saturé de joueurs, la concurrence est forte, les coûts d’acquisition de clients sont élevés et la guerre des prix fait rage, alors que l’industrie se tourne vers l’élimination des commissions.

« Avec l’intérêt marqué pour les options d’investissement à plus faible coût, les marges de l’industrie financière sont déjà en baisse, soutient Scott Smith, directeur de Cerulli. Arriver tardivement dans un marché en déclin offre peu d’attrait aux importants fournisseurs de technologie. »

DANS LES PLATES-BANDES DES BANQUES

À l’inverse, les fintechs qui sont déjà dans la gestion de patrimoine voient un intérêt certain à entrer dans les services bancaires. Des firmes comme Wealthfront, Betterment, Acorns et Robinhood, aux États-Unis, ou encore Wealthsimple au Canada, commencent à offrir des comptes d’épargne ou des comptes chèques, en plus de prêts.

Wealthfront, par exemple, rêve d’offrir un service permettant aux gens de déposer directement leur paie sur une plateforme. Un robot paierait ensuite automatiquement leurs factures et redirigerait l’argent qui reste vers des produits d’investissement.

Carson Wealth, une firme de conseil financier, offre depuis le mois de mai un compte chèques à ses clients en partenariat avec la fintech Galileo. Ceux-ci ont accès à une carte de débit Mastercard, peuvent payer leurs factures en ligne, faire des dépôts automatiques et utiliser des dizaines de milliers de guichets automatiques.

« Nous voyons Amazon comme étant la concurrence, soutient Ron Carson, PDG de Carson Wealth Management. Peu importe quand elle décidera d’entrer sur ce marché, nous devons être prêts. »

SE RENDRE INDISPENSABLE

Selon Will Trout, analyste principal de Celent, les géants des technologies ne cherchent pas à supplanter les conseillers en services financiers ou les banques, mais plutôt à s’imposer comme acteurs incontournables dans leur chaîne de valeur.

« Ils préfèrent monnayer leur ubiquité, leur contrôle des données des consommateurs et leur statut culturel iconique pour faciliter les flux financiers – incluant avec des partenaires comme Citi – dans la mesure où cela fait d’eux des composantes irremplaçables de l’écosystème des services financiers. »

Ainsi, au lieu de faire concurrence aux firmes de services financiers, les géants des technologies pourraient leur proposer d’utiliser leur propre plateforme pour offrir des services.

Reste que l’actif sous gestion chez les conseillers robots devrait augmenter de 27 % par année, atteignant 2,3 G $US (3,04 G $CA) en 2023, selon Statista. Greg O’Gara ne voit pas pourquoi les grandes entreprises de technologie se priveraient de cette manne.

« Rien n’arrêtera la démocratisation de l’investissement par la technologie. Lorsque ces grandes firmes feront leur empreinte dans le paysage des courtiers, leurs perspectives de croissance seront très, très bonnes », juge-t-il.

La rédaction