Greenpeace récolte des signatures contre Desjardins

Par La rédaction | 22 février 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La pétition, en ligne depuis l’été dernier, et qui s’intitule « Dites à Desjardins de cesser tout financement de pipelines de sables bitumineux », vient d’atteindre la barre des 7646 signatures.

« Notre objectif est que le Mouvement reconsidère sa décision de financer le pipeline Trans Mountain et de faire en sorte qu’il soit la première institution financière canadienne et – qui plus est, québécoise – qui désinvestisse des projets de pipelines des sables bitumineux et verse plutôt cet argent et son potentiel dans l’avenir des énergies renouvelables », explique Loujain Kurdi, conseillère en communications à Greenpeace et attachée à ce dossier.

Greenpeace accuse le Mouvement Desjardins de faire preuve d’incohérence dans ses investissements. Le 6 décembre, l’Assemblée générale a en effet décidé de revenir sur le moratoire « sur tout projet d’investissement ou de financement d’oléoducs » décrété en juillet, et de conserver le prêt de 145 millions de dollars octroyé pour le projet de pipeline de sables bitumineux de Kinder Morgan.

L’organisme souligne que la coopérative tourne ainsi le dos aux Premières Nations qui s’y opposent, en plus de faire un pied de nez à la lutte contre les changements climatiques.

STRATÉGIE POUR FAIRE FACE AU DÉFI CLIMATIQUE

De son côté, le Mouvement Desjardins tient à rappeler que lors de cette même AG, une stratégie pour faire face au défi climatique et encourager la transition énergétique a été annoncée.

Lors de cette annonce, Desjardins a informé qu’il rendra son exploitation carboneutre, investira dans des projets d’énergie renouvelable et diminuera l’empreinte carbone de son portefeuille sur les marchés publics. Pour toutes ses autres activités, il ajoutera des critères d’autorisation afin de favoriser une finance qui respecte l’environnement et les collectivités.

Quatre pratiques que Desjardins implantera :

  • Desjardins compensera dès 2017 les émissions de gaz à effet de serre associées à ses activités par l’achat de crédits de carbone.
  • Desjardins concentrera dans les énergies renouvelables ses investissements directs en infrastructures énergétiques réalisés à partir de ses fonds propres. Le régime de rentes du Mouvement Desjardins prend ce même engagement.
  • Toujours pour ses fonds propres, Desjardins s’assurera d’ici 2020 que l’empreinte carbone de son portefeuille investi dans les marchés sera inférieure de 25 % à celle des entreprises qui composent les indices boursiers et obligataires.
  • Dans l’ensemble de ses décisions d’affaires, Desjardins ajoutera de nouveaux critères d’autorisation qui tiendront compte des facteurs de risque de nature environnementale, sociale et de gouvernance.

Greenpeace fait valoir que l’argent des Québécois doit être investi dans l’économie verte afin de permettre la création d’emplois durables et à haute valeur ajoutée dans le secteur des énergies renouvelables.

Il ajoute qu’aucune institution financière ne peut ignorer que les projets de pipelines présentent de hauts risques pour la réputation et les rendements financiers d’un côté, pour les droits humains et le climat planétaire ainsi que l’eau potable de l’autre.

« Le milieu bancaire est un secteur clé dans le dossier de la lutte contre le réchauffement climatique, insiste Mme Kurdi. Les projets de pipelines et autres forages ne peuvent avancer sans le financement des banques. Si on ferme le robinet, on règle le problème à la source. Et alors là, on peut discuter, s’asseoir tous autour de la table pour voir comment on peut convertir une partie de ce secteur des énergies fossiles en un secteur favorisant les énergies renouvelables. »

ING, BNP PARIBAS ET US BANK

Loujain Kurdi rappelle que lors de la dernière Conférence sur le climat, tenue en Allemagne en novembre dernier, 15 000 scientifiques du monde entier ont affirmé que les objectifs de Paris en matière de réduction des gaz à effet de serre et de limitation du réchauffement climatique seraient loin d’être atteints si des mesures fortes n’étaient pas prises.

En décembre, par ailleurs, l’OCDE a publié un rapport dénonçant le manque de cohérence du Canada en matière de lutte contre les changements climatiques. Le rapport met le pays en garde quant aux nouveaux oléoducs prévus, au développement du secteur du pétrole des sables bitumineux et aux subventions sur les combustibles fossiles.

Greenpeace affirme que les grandes banques canadiennes, parmi lesquelles Desjardins, n’en font donc pas assez sur ce terrain, alors même que plusieurs grandes banques internationales, telles que la néerlandaise ING, la française BNP Paribas ou encore l’américaine US Bank, ont annoncé qu’elles ne financeraient plus les projets de pipelines de pétrole des sables bitumineux canadiens.

Greenpeace estime que les banques canadiennes devraient plutôt être des cheffes de file en la matière et annonce plusieurs événements dans le courant du mois de mars, dont une grande marche le 10 mars, afin de mettre la pression.

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