Inflation : les impacts à prévoir

Par Natalie Taylor, CFA | 16 juin 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Courbe sur un graphique sur lequel il est écrit "inflation".
Photo : JLGutierrez / iStock

Bien que transitoire, l’environnement inflationniste pourrait affecter plusieurs secteurs, croit Natalie Taylor, gestionnaire de portefeuille à Gestion d’actifs CIBC.

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« Cela fait plusieurs mois que l’inflation est sur le radar des économistes, d’abord parce qu’il y a eu une déflation entre mars et mai 2020 et la différence avec aujourd’hui est d’autant plus marquée, et aussi en raison des injections massives de liquidités dans l’économie par les gouvernements. Celles-ci accroissent le pouvoir d’achat des ménages et par conséquent la demande, qui exerce à son tour une pression à la hausse sur les prix. On a vu ce phénomène dernièrement, exacerbé en outre par la tension des chaînes d’approvisionnement qui ont du mal à suivre », explique Natalie Taylor.

L’experte note que si on se fie à l’indice des prix à la consommation, l’inflation a été de 0,8 % entre mars et avril, mais si on regarde les douze derniers mois, elle a été de 4,2 % : c’est son plus haut niveau depuis 2008.

« Les investisseurs commencent à se demander si cela pourrait faire dérailler la croissance économique et forcer les banques centrales à augmenter les taux d’intérêt. La Réserve fédérale (Fed) en particulier a clairement indiqué qu’elle était prête à laisser l’inflation dépasser sa cible de 2 % pour permettre à la relance de se poursuivre. Mais il y a un risque d’erreur avec cette stratégie, puisqu’elle n’a jamais été testée dans l’histoire récente », poursuit Natalie Taylor.

Selon elle, si le risque d’inflation est plus présent qu’il ne l’a été depuis des années, il y a de bonnes raisons de croire qu’elle ne sera que transitoire. D’un côté, les tendances à la démondialisation, au rapatriement des chaînes d’approvisionnement, et les hauts niveaux de soutien financier des gouvernements peuvent maintenir l’inflation à un haut niveau, sans parler de l’effet de prophétie autoréalisatrice qui joue toujours pour une part. Mais de l’autre côté, il reste beaucoup de marge dans l’économie américaine avec un bassin de plus de 8 millions de chômeurs qui devrait empêcher les salaires de trop grimper. De plus, la réouverture progressive de l’économie va ramener les consommateurs vers le secteur des services, ce qui devrait retirer de la pression du côté des biens de consommation qui ont subi de l’inflation.

Enfin, selon elle, plusieurs tendances à long terme nous protègent de l’inflation, comme les changements démographiques et la numérisation croissante de la société. Tout cela l’amène à entrevoir un retour à la normale après quelques mois.

D’ici là, plusieurs secteurs pourraient être affectés.

« Les matières premières profitent de l’inflation au début, et on a pu le voir avec les prix du secteur de l’énergie, du cuivre, du maïs, du minerai de fer et d’autres matières premières. Mais la hausse des marges est difficile à maintenir pour les producteurs à long terme, alors que l’offre et la demande retrouveront l’équilibre. Dans le cas du cuivre cependant, la demande est forte en raison des projets de décarbonisation, les producteurs ont sous-investi dernièrement, et les nouvelles mines prennent du temps à devenir opérationnelles. La pression inflationniste sur le cuivre devrait donc continuer », entrevoit Natalie Taylor. « Les banques profiteront également de l’inflation au départ, puisque les taux d’intérêt augmenteront et avec eux leurs marges de profit. Mais si l’inflation surchauffe et affecte l’économie, l’effet sera négatif au bout du compte », ajoute l’experte.

Selon elle, les services d’utilité publique seront les plus touchés, car ils sont souvent très endettés et leurs revenus sont réglementés. Dans d’autres secteurs en revanche, l’impact est moins clair.

« Tout dépendra du modèle d’affaires, de la capacité à changer les prix, et du degré de hausse des coûts provoqué par l’inflation. Je crois que les marques établies du secteur de la consommation peuvent facilement augmenter leurs prix pour compenser la hausse de leurs coûts. Mais c’est plus difficile pour le secteur interentreprises (B2B). Mais l’impact de l’inflation est d’autant plus difficile à prévoir qu’on n’en a pas connu depuis longtemps, il vaut mieux l’évaluer pour chaque entreprise séparément. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Natalie Taylor, CFA Gestionnaire de portefeuille, Actions canadiennes Équipe d’Actions mondiales fondamentales

Natalie Taylor, CFA

Gestionnaire de portefeuille, Actions canadiennes Équipe d’Actions mondiales fondamentales  Natalie Taylor est membre de l’Équipe Actions canadiennes, gestionnaire des portefeuilles de dividendes canadiennes. Mme Taylor a débuté sa carrière dans le secteur des valeurs mobilières en 2006. Elle s’est jointe à Gestion d’actifs CIBC en 2013 à titre d’analyste du secteur financier nord-américain. Par la suite, elle est devenue gestionnaire responsable des portefeuilles des secteurs valeur, valeur et dividendes et financier nord-américain. Plus récemment, elle a œuvré au sein de l’Équipe Actions mondiales auprès de Gestion d’actifs CIBC. Avant de se joindre à CIBC, Mme Taylor œuvrait à titre d’analyste de recherche, Actions mondiales à RBC Gestion mondiale d’actifs pour les secteurs de la finance et des biens de consommation cycliques d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie. Mme Taylor est titulaire d’un baccalauréat en administration des affaires de l’Université Wilfrid-Laurier. Elle possède aussi la désignation CFA (analyste financier agréé) et elle est membre de la Toronto Society of Financial Analysts (CFA).