Investissements : le Saguenay sous la loupe

Par La rédaction | 3 mai 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
6 minutes de lecture
Chicoutimi, un des trois arrondissements urbains de la ville de Saguenay.

Les secteurs du Saguenay et du Fjord-du-Saguenay poursuivent la diversification de leurs activités économiques avec plusieurs projets importants en cours, selon une étude de Desjardins publiée aujourd’hui.

Au contraire de plusieurs autres régions du Québec, les économies locales y étaient très peu diversifiées auparavant. Elles se concentraient essentiellement dans l’aluminium et la foresterie, rappelle l’auteure de cette analyse, Chantal Routhier, économiste au Mouvement.

« Aujourd’hui, la situation a évolué et les deux régions s’affairent depuis quelques années déjà à développer de nouveaux secteurs pour relancer leur développement. Les efforts de diversification économique, symbolisés par le sommet régional de 2015, permettront par exemple d’insuffler du dynamisme aux économies locales pour les 10 prochaines années », souligne-t-elle.

ESSOR DU SECTEUR MARITIME

Parmi les efforts entrepris, Desjardins mentionne l’implantation future d’une zone industrialo-portuaire à Saguenay. « L’expansion du port de Saguenay se poursuivra. Dans les projets en élaboration, il y a celui de la construction d’un nouveau terminal maritime, afin de desservir la rive nord de la rivière Saguenay, ainsi que l’édification d’une usine de liquéfaction de gaz naturel de GNL Québec à Grande-Anse, qui pourrait représenter un investissement de 7,5 G$ », détaille Chantal Routhier. Baptisé Énergie Saguenay, ce projet en est encore à l’étape des études d’impact et pourrait voir le jour après 2018.

Toujours dans le domaine maritime, le marché des croisières poursuit sa croissance. En l’espace d’une décennie, la région s’est hissée au troisième rang des ports d’escale dans la province pour l’accueil des croisiéristes internationaux, juste derrière Montréal et Québec. D’ici 2020, le port prévoit accueillir 100 000 d’entre eux chaque année.

Les décideurs locaux ont également prévu de « repositionner » les centres-villes de Chicoutimi et de Jonquière afin d’accroître leur attractivité dans un contexte de faible croissance, voire de baisse, de leur démographie. Ils entendent développer la recherche et l’enseignement dans les technologies appliquées de l’énergie, de l’aluminium, de la forêt boréale, de la génomique et des sciences biomédicales. À noter aussi que la municipalité régionale de comté (MRC) de Lac-Saint-Jean-Est et la Ville d’Alma se sont regroupées au sein d’un nouvel organisme afin de mieux planifier leur développement économique.

Enfin, un premier plan de développement de la zone agricole de la MRC du Fjord-du-Saguenay devrait être prochainement lancé, accompagné d’une stratégie pour le développement de la villégiature, tandis que Hydro‑Québec projette l’installation d’une nouvelle ligne électrique entre la Côte-Nord et le Saguenay–Lac-Saint-Jean à partir de 2019, pour un investissement estimé de 600 M$ à 650 M$.

PLUSIEURS DÉFIS

L’industrie forestière est l’un des secteurs qui doit faire face aux plus grands défis, dont ceux du coût élevé de la fibre, des difficultés d’approvisionnement et des négociations à venir, qui s’annoncent ardues, entre le Canada et les États-Unis sur le bois d’œuvre. Les décideurs locaux ne demeurent cependant pas les bras croisés. Ils ont notamment créé un groupe tactique d’intervention pour soutenir le développement économique de la MRC de Maria-Chapdelaine et publié un rapport contenant six recommandations pour relancer l’activité de foresterie dans la région. Ils poursuivront aussi les analyses en vue d’utiliser le bois rendu disponible en raison de la fermeture de l’usine Louisana-Pacific de Chambord.

Dans l’aluminium, les prix sur les marchés mondiaux devraient croître cette année et en 2018, mais « modestement », selon Chantal Routhier. Celle-ci indique que « les efforts de rationalisation des coûts se poursuivront au sein des industries » et que « la réalisation de la phase 2 à l’usine d’Alma de Rio Tinto, entre autres, demeurera tributaire de l’amélioration des conditions sur les marchés internationaux ».

De son côté, la minière Métaux BlackRock a annoncé en décembre son intention de s’installer au terminal portuaire de Grande-Anse pour y construire une usine de transformation du concentré de vanadium-titane-magnétite provenant de la mine à Chibougamau, au coût de 1 G$. Les études d’impact environnemental sont en cours et le début des travaux est prévu en 2018.

DES INVESTISSEMENTS INSUFFISANTS

Selon l’Institut de la statistique du Québec, les investissements ont diminué de 12 % l’an dernier dans la région pour atteindre 1,1 G$. « Ce repli est vraisemblablement lié à la fin de chantiers importants, comme la construction du parc éolien Rivière-du-Moulin et le prolongement de la route 167 », précise Chantal Routhier.

Pour tenter de redonner un peu de tonus à la croissance économique, « la région mise de plus en plus sur des produits à valeur ajoutée et tend à mettre en valeur son caractère nordique », souligne également l’économiste, qui en donne deux exemples : le projet de Serres Toundra (quatre phases de développement d’ici à 2020), où l’on cultivera des légumes toute l’année, et la signature, en septembre dernier, d’un partenariat avec la Norvège pour développer le « tourisme d’aventure ».

Sa conclusion? « Les secteurs tels que la construction, l’agroalimentaire et le tourisme stimuleront l’économie d’ici à 2018, tandis que les investissements régionaux pourraient se stabiliser, voire croître légèrement au cours de 2017 et de 2018. »

Les priorités de la Chambre de commerce et d’industrie

Pour développer l’économie de sa région, la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord priorise :

  • le soutien aux projets de développement miniers, énergétiques et industriels;
  • le soutien au développement du projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel de GNL Québec;
  • le développement du transport maritime et ferroviaire;
  • le soutien aux projets de développement des industries de l’aluminium et forestière;
  • le développement du Nord québécois;
  • le suivi du sommet économique régional qui s’est tenu en juin 2015;
  • les enjeux démographiques (immigration, relève entrepreneuriale, main-d’œuvre, etc.);
  • la présence des jeunes dans les lieux décisionnels et consultatifs;
  • la consolidation des liens avec les chambres de commerce et intervenants économiques du Lac-Saint-Jean et de la communauté autochtone de Mashteuiatsh.

La rédaction vous recommande :

La rédaction