La Banque du Canada garde son taux directeur à 1,5 %

5 septembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : ducdao / 123rf

La Banque du Canada a annoncé mercredi qu’elle maintenait à 1,5 % son principal taux directeur.

Depuis 2017, la banque centrale a relevé ses taux quatre fois. Son principal taux directeur s’élève présentement à 1,5 %. Il s’agit du deuxième plus haut parmi les banques centrales des pays du G7, après celui des États-Unis (2 %).

En guise de comparaison, celui de la Grande-Bretagne reste à 0,75 % et celui de la Banque centrale européenne est toujours à 0 %, alors que le taux de la Banque du Japon est négatif (-0,1 %).

Le marché s’attend à voir le taux directeur remonter à 2 % dans la prochaine année, pour la première fois en une décennie. L’économie canadienne se porte bien et n’a plus besoin de la médecine de cheval que représentait le stimulus des taux d’intérêt avoisinant le zéro.

DES DONNÉES RASSURANTES

Par voie de communiqué, la Banque du Canada s’est faite rassurante quant à l’inflation, qui a dépassé les prévisions en juillet, grimpant à 3 %. Cela serait principalement dû à la hausse soudaine des tarifs aériens. La Banque centrale anticipe un retour à un taux d’inflation autour de 2 % au début de 2019, avec l’érosion des effets des hausses passées des prix de l’essence.

L’économie américaine est particulièrement robuste, mais les tensions commerciales restent élevées et pèsent sur les perspectives mondiales. Les tensions financières ont aussi augmenté dans les pays émergents, notamment en Turquie.

Quant à l’économie canadienne, elle a vu son PIB rebondir de 2,9 % au deuxième trimestre, après un premier trois mois un peu poussif (1,4 %). Les investissements des entreprises et les exportations affichent une solide croissance depuis plusieurs trimestres.

Pendant ce temps, l’activité sur le marché du logement se stabilise. Les ménages s’ajustent aux taux d’intérêt plus élevés et aux changements apportés aux politiques en matière de logement.

L’amélioration continue de l’emploi et du revenu du travail contribue à soutenir la consommation. Les effets des hausses passées de taux d’intérêt se transmettant dans l’économie, la croissance du crédit s’est modérée et le ratio de la dette au revenu des ménages commence à légèrement diminuer.

Dans un tel contexte, le Conseil de direction de la Banque du Canada estime que des taux d’intérêt plus élevés seront justifiés pour atteindre la cible d’inflation de 2 %. Le 24 octobre 2018, la Banque devrait annoncer si elle hausse ou maintient ses taux d’intérêt et publier sa nouvelle projection de l’économie et de l’inflation, ainsi qu’une analyse des risques connexes.

FIXER LE BON CAP

Dans un tel exercice, Stephen Poloz doit toujours se poser deux questions : quel niveau optimal devraient atteindre les taux d’intérêt de la Banque du Canada, et à quelle vitesse s’y rendre, rappelle pour sa part le Financial Post. Pour répondre à cette question, il faut tenir compte des risques.

Le Canada n’a toujours pas négocié un renouvellement de l’Accord de libre-échange nord-américain avec son turbulent voisin du Sud. Le président Trump a déjà imposé des tarifs douaniers sur l’acier et menace de faire de même avec l’industrie automobile. Cette incertitude pèse sur l’économie canadienne.

La Banque centrale doit aussi garder un œil sur les données économiques. Le taux de chômage au pays est au plus bas depuis quatre décennies, les travailleurs obtiennent de meilleures augmentations salariales (que la Banque du Canada juge modérées) et les postes non pourvus sont en hausse. À 3 %, l’inflation est la plus élevée parmi les pays du G7. Le risque économique reste donc bien présent.

Or, la Banque du Canada ne veut pas aller de l’avant avec une hausse des taux, simplement pour devoir reculer par la suite.

UNE CIBLE À 2 %

La question de savoir à quel niveau il convient de ramener les taux d’intérêt n’est pas plus simple. Selon les économistes de la Banque du Canada, à 3 %, le taux serait « neutre », c’est-à-dire qu’il ne stimulerait ni ne ralentirait l’économie. Mais cette convention très théorique ne rassure personne, pas même Stephen Poloz, qui avoue qu’elle est très incertaine.

C’est pourquoi les marchés anticipent que la Banque centrale s’arrêtera autour d’un taux à 2 %. Chose certaine, elle ne semble pas pouvoir justifier un taux qui demeurerait longtemps en bas de sa cible d’inflation, située à 2 %.

Relèvera-t-elle son taux dès octobre? Il faudra patienter pour le savoir…