La banque qui recrute dans les quartiers difficiles

Par La rédaction | 26 octobre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La banque LCL recrute désormais certains de ses futurs conseillers dans les clubs sportifs de quartiers défavorisés, et l’opération semble prometteuse, rapporte Le Monde.

Un an après leur lancement, les « Déclics sportifs », une initiative visant à favoriser l’emploi des jeunes des zones les plus « difficiles » de France, se révèle si efficace qu’elle pourrait faire tache d’huile, écrit le quotidien français.

Pionnière en la matière, l’Agence pour l’éducation par le sport (Apels) se revendique comme étant « le premier réseau d’acteurs de terrain qui contribue à la réussite éducative, l’insertion des jeunes et le vivre ensemble ». Et pour prouver que les valeurs du sport valaient parfois un diplôme, elle s’est associée à LCL (Crédit Lyonnais).

PLUS EFFICACES QUE LES DIPLÔMÉS

L’idée? Sélectionner des entraîneurs évoluant dans les quartiers les plus déshérités de l’Hexagone capables d’utiliser le sport comme outil d’éducation et d’insertion, puis les transformer en « chasseurs de talents » afin de répondre aux besoins de recrutement d’une institution financière recherchant « l’adéquation de son personnel avec la clientèle ».

Autrement dit, « reconnaître que le sport est une autre école, et que parmi les deux millions de décrocheurs scolaires, des milliers fréquentent des clubs où ils apprennent des choses », résume pour Le Monde Jean-Philippe Acensi, fondateur de l’Apels à l’origine du projet.

En octobre 2015, 37 jeunes âgés de 18 à 27 ans et membres d’un club sportif à Paris, en banlieue parisienne et à Lyon ont ainsi bénéficié d’un « contrat de professionnalisation » chez LCL, où ils se sont transformés en conseillers pour la clientèle ou en techniciens de l’arrière-guichet (back office). Et aux dires de leur nouvel employeur, ils se montrent parfois plus efficaces que les jeunes diplômés qu’ils côtoient.

« UNE GARANTIE DE BON ESPRIT »

À tel point que la direction des ressources humaines du groupe bancaire envisage d’offrir un contrat à durée indéterminée à une trentaine d’entre eux, alors que seuls 30 % des étudiants détenant un diplôme du deuxième cycle (brevet de technicien supérieur) décrochent habituellement ce sésame. En outre, LCL a officiellement annoncé qu’à l’avenir, elle réservera 10 % de son recrutement à ces jeunes sportifs.

La raison en est simple, explique Le Monde. Si « Déclics sportifs » innove en matière de recrutement, il ne s’agit nullement d’une aventure risquée pour l’employeur, puisque les clubs sportifs lui apportent au contraire une « garantie de bon esprit ».

« Balle au pied, gants aux mains, sifflet autour du cou permettent d’apprendre le respect de l’autre et de la règle, la capacité à faire équipe et à gérer les conflits, le goût de l’effort, des défis et de la maîtrise de soi », écrit le journal.

En outre, l’Apels dispense un mois de coaching intensif aux jeunes repérés par les entraîneurs afin de les préparer au monde de l’entreprise grâce à des séances d’apprentissage portant notamment sur le langage, la posture et les codes en vigueur dans leur future profession.

LE DIPLÔME, PAS UNE PANACÉE

D’ici quelques semaines, la trentaine de membres sélectionnés par LCL en 2016 auront un entretien avec un responsable de la société, avant de signer un contrat d’un an durant lequel ils percevront environ 1 000 euros (1 450 dollars canadiens). Puis ils passeront trois mois dans un centre de formation pour y découvrir les bases de la banque et ses métiers, et pourront alors postuler à une fonction au sein du groupe, qu’ils assumeront tout en continuant à se former.

Une bonne affaire pour LCL, puisqu’outre le fait de recruter rapidement et à peu de frais une grande variété d’employés qu’il paie sous le salaire minimum, l’opération ne lui coûte que 1 500 euros par tête, la région subventionnant le reste, relève Le Monde. Mais au-delà de ce bénéfice à court terme, la banque affirme vouloir mettre fin à l’embauche exclusive de nouvelles recrues hyper diplômées.

« Nous devons sortir du syndrome du diplôme, rechercher des personnalités. Le monde du sport est précieux pour cela. Nous avons par ailleurs dans notre clientèle toute la diversité de la France, et la notion de miroir est essentielle pour la confiance », souligne l’un de ses dirigeants.

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