La complainte des gestionnaires de fonds spéculatifs

Par La rédaction | 24 octobre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
3 minutes de lecture
Happy and sad face. Women holding papers with happy and sad emoticons.

Il n’y a pas si longtemps, ils étaient les maîtres du monde financier, fiers de leurs prouesses et de leur capacité, apparemment sans borne, à générer des profits. Mais depuis trois ans, les maigres rendements annuels moyens de 2 % de l’industrie des fonds spéculatifs causent le désarroi de ses gestionnaires.

Ce secteur est évalué à 2 900 G $US (3860G$CAN). Au cours des neuf derniers mois, 51,5G$US (68,6G$CAN) ont été retirés de ces fonds et environ 530 fonds ont carrément été liquidés dans la première moitié de 2016. À ce rythme, ce sera la pire année depuis 2008.

DES COUPABLES

Les gestionnaires de fonds spéculatifs pointent du doigt tout l’argent adossé aux index et le rôle joué par les algorithmes dans les échanges, qui contribueraient à fausser le marché, rapporte Bloomberg. Ils déplorent les taux directeurs anémiques pratiqués par les banques centrales, les décisions politiques et économiques prises en Europe ou ailleurs ou encore les nouvelles réglementations publiques. S’ajoutent à cela l’incertitude économique mondiale et l’arrivée massive de nouvelles technologies modifiant les pratiques d’investissement pour compléter un tableau qui commence à sembler aussi sombre que le fameux Carré noir sur fond blanc de Malevitch.

Ce qui désespère les gestionnaires de fonds spéculatifs, c’est que le marché ne semble plus logique. Or, dans un marché qui ne répond pas à la logique, les connaissances ou habiletés des meilleurs gestionnaires ne comptent plus tant que ça, reconnaît Jordi Visser, qui dirige Weiss Multi-Strategy Advisers.

Craig Effron, co-fondateur de Scoggin Capital Management, abonde dans le même sens. Il soutient avoir très bien compris pourquoi les hypothèques à risque ont perdu leur valeur il y a dix ans, mais se dit incapable d’analyser la signification de taux d’intérêt négatifs au Japon et au Danemark. Il peine à expliquer l’échec de ses stratégies de placement l’an dernier, qui ont fait perdre 10 % au fonds. Cette année, il a regagné 15 %.

« Il y avait des stratégies basées sur la logique, qui fonctionnaient la plupart du temps avant 2008, mais la donne a changé et les investisseurs logiques n’ont pas encore écrit les nouvelles règles du jeu », dit-il.

Selon George Papamarkakis, de la firme londonnienne North Asset Management, celles-ci pourraient faire la part belle aux techniques quantitatives, c’est-à-dire l’application de techniques mathématiques ou statistiques à l’investissement. Mais selon lui, il faudra aussi que d’autres joueurs disparaissent afin que les survivants puissent recommencer à faire des profits. Un tel mouvement pourrait provenir d’une vague de consolidation, laquelle donnerait naissance à des géants dotés de dizaines de milliards de dollars d’actifs, croit son collègue Howard Fischer, gestionnaire de Basso Capital Management.

Les ex-rois de la finance devront encore patienter un peu, et surtout faire preuve d’imagination, avant de retrouver leur superbe d’antan.

La rédaction vous recommande :

La rédaction