La Fed sanctionne lourdement Wells Fargo

Par La rédaction | 5 février 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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À l’occasion de son dernier jour à la tête de la Fed, Janet Yellen a frappé un grand coup : Wells Fargo n’aura jusqu’à nouvel ordre plus le droit de prendre de l’expansion. Le vaste scandale d’ouverture de comptes fictifs qui a éclaboussé l’établissement explique cette sanction.

Janet Yellen a annoncé cette sanction très sévère vendredi dans un communiqué (en anglais), rapporte l’Agence France-Presse. « À la suite des récents et très nombreux abus de consommateurs et d’autres défaillances par Wells Fargo, la Réserve fédérale va restreindre la croissance de l’établissement jusqu’à ce qu’il améliore suffisamment son mode de fonctionnement», indique-t-elle.

Cette décision, sans précédent pour un groupe de cette importance, interdit désormais à la troisième banque américaine de dépasser le total de 1 950 G$ US d’actif qu’elle avait à son bilan à la fin de l’exercice 2017, et ce, tant qu’elle n’aura pas corrigé ses erreurs passées.

« ON NE PEUT TOLÉRER CETTE CONDUITE PERNICIEUSE »

La Fed exige que Wells Fargo revoie entièrement son mode de fonctionnement, notamment son système de contrôle interne, ce qui aboutira par exemple au remplacement de quatre membres de son conseil d’administration, explique le communiqué. Celui-ci précise que le géant américain devra « remplacer trois membres du conseil d’ici avril et un quatrième à la fin de l’année ». « On ne peut tolérer, dans aucune banque, cette conduite pernicieuse et persistante et les clients lésés par Wells Fargo sont en droit d’attendre des réformes robustes et exhaustives afin que ces abus ne se reproduisent plus », justifie Janet Yellen dans le communiqué.

La Fed a par ailleurs envoyé des lettres au ton inhabituellement virulent à plusieurs dirigeants ou ex-dirigeants de la banque. Dans l’une d’entre elles, adressée à John Stumpf, qui était son président lorsque le scandale des comptes fictifs a éclaté en 2016, l’autorité de régulation écrit notamment : « En tant que président, vous ne vous êtes pas assuré que le conseil d’administration soit informé en détail de ces défaillances (…) De plus, il ne semble pas que vous ayez ordonné une enquête sérieuse sur les pratiques de ventes ou sur une autre défaillance dont vous deviez être au courant à cette époque. » La Fed conclut en qualifiant le travail du dirigeant d’« exemple de supervision inefficace ».

Dans un communiqué publié après l’annonce de la Réserve fédérale, Wells Fargo indique qu’elle fournira à la banque centrale un plan pour réformer son mode de fonctionnement dans un délai de 60 jours. « Notre conseil d’administration s’engage à répondre aux attentes de nos instances de réglementation et à protéger et servir les intérêts de nos actionnaires, clients, membres de l’équipe et de la collectivité », assure Betsy Duke, présidente de Wells Fargo et ancien membre du conseil des gouverneurs de la Fed.

ÉCLABOUSSÉE PAR DES SCANDALES À RÉPÉTITION

Les problèmes de la banque pourraient toutefois ne pas s’arrêter là, estime Le Figaro, qui rappelle que « la menace de sanctions plus lourdes pèse encore sur elle », comme l’avait indiqué Donald Trump en décembre dernier. « Les amendes et pénalités contre Wells Fargo pour leurs malversations envers leurs clients et d’autres ne seront pas annulées comme cela a été incorrectement rapporté. Elles seront maintenues et pourraient être accrues de façon importante. Je vais réduire la régulation mais renforcer les amendes si vous êtes attrapés en train de tricher », avait alors écrit le président américain sur son compte Twitter.

Rappelons que Wells Fargo a reconnu avoir ouvert 3,5 millions de comptes fictifs entre 2002 et le printemps 2017, ce qui a permis à certains de ses employés de toucher des primes liées à la vente de nouveaux produits aux clients. À la suite de ce scandale, quelque 5 300 employés ont été renvoyés et l’institution financière a écopé d’une amende de 190 millions de dollars en vertu d’une entente conclue en septembre 2016 avec le Bureau de protection financière du consommateur, l‘Office du contrôleur de la monnaie et un procureur de Los Angeles.

Enfin, l’an dernier, il a également été découvert que la banque avait fait payer des primes d’assurance inutiles à plus d’un demi-million de ses clients sur leurs crédits automobiles.

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