La fin du modèle hiérarchique

Par La rédaction | 17 Décembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Sergey Nivens / 123RF

L’ambitieux projet de bureau interactif du conseiller Daniel Guillemette se veut révolutionnaire d’un point de vue environnemental et pourrait servir de guide dans l’établissement d’un nouveau modèle d’affaires. En s’appuyant sur des artistes, le président de Diversico propose aux entreprises de penser différemment et d’abandonner leur modèle hiérarchique au profit d’un modèle d’entreprise plus égalitaire.

Le projet CEVIA, ou CEntre VIvant Asteris, poursuit plusieurs objectifs. Porté à bout de bras par Daniel Guillemette, avec la collaboration du designer Denis Bourgeois, de l’architecte Maxime Brosseau (Laraté + Lavigne), de l’expert en rénovation Michaël Gaucher (RSB) et de l’artiste Geneviève Ruest, le projet cherche à devenir un modèle sur le plan environnemental, mais vise également un objectif plus social, soit « libérer » les entreprises et leurs employés et adopter un modèle d’entreprise plus horizontal.

Comme il l’avait mentionné dans un article précédent, Daniel Guillemette souhaite que son nouvel immeuble puisse satisfaire aux exigences du Living Building Challenge, c’est-à-dire que son empreinte environnementale soit négligeable, mais également qu’il contribue à améliorer le bien-être des personnes qui y travailleront.

Il désire ainsi inverser la norme selon laquelle un employé doit s’adapter à son espace de travail. Le projet partira donc des besoins de l’humain et c’est l’immeuble qui s’adaptera aux personnes qui y travaillent.

Comme l’immeuble est déjà construit, les défis sont nombreux puisqu’il faut s’adapter aux contraintes du secteur du Vieux-Longueuil et à la structure même du bâtiment. Mais selon M. Guillemette, c’est ce qui fait le charme du projet.

« LIBÉRER » LES ENTREPRISES

Le deuxième objectif que vise Daniel Guillemette est d’aider les leaders désirant « libérer » leur entreprise. Selon lui, le modèle hiérarchique freine l’agilité, la productivité et la capacité d’innover des entreprises.

CEVIA veut devenir « le premier centre québécois de recherche, d’échange et de formation pour les leaders désireux de faire passer leur système actuel de gestion hiérarchique vers un système de gestion inspiré du modèle holacratique », un modèle plus horizontal.

Daniel Guillemette estime que le succès de Diversico et sa croissance sont dus à sa structure. Alors qu’il devient difficile de pourvoir certains postes, notamment ceux d’adjointes expérimentées, en raison de la pénurie de main-d’œuvre actuelle, lui-même dit recevoir de nombreuses candidatures.

« Notre modèle d’affaires est excitant. Les jeunes ne veulent plus entendre parler des « petits boss ». Les entreprises qui ne réaliseront pas cette transformation vont souffrir, parce que d’autres le feront et seront plus attrayantes », a-t-il expliqué à Conseiller.

S’APPUYER SUR LES ARTISTES

Pour effectuer cette transformation, M. Guillemette croit qu’il est avisé de se tourner vers les artistes. Selon lui, ce type de transformation demande du « charisme », car il faut en parler avec passion pour que les employés embrassent l’idée.

« Passer d’un modèle hiérarchique à un modèle sans patron constitue un effort colossal. Il faut pouvoir rallier les troupes à cette idée et c’est juste impossible pour un leader qui ne serait pas charismatique », affirme-t-il.

Selon lui, les artistes pourraient aider les leaders qui manquent de charisme. Il est également d’avis que les entreprises qui réussissent le mieux sont celles qui comptent des personnes cartésiennes, mais aussi des personnes de grand talent aux idées originales.

« C’est la combinaison des penseurs, des intellectuels et des artistes qui fait que les projets sont spectaculaires. Les entreprises qui souhaitent faire compétition aux géants et concevoir des projets fantastiques ont besoin d’artistes », insiste-t-il.

D’ailleurs pour CEVIA, Daniel Guillemette a fait appel à l’artiste Geneviève Ruest qui travaille actuellement sur une thèse portant sur les mécanismes de la création artistique. Il souhaite mieux comprendre le processus artistique afin de montrer aux entreprises l’importance de joindre des artistes à leurs équipes. Dans cette optique, M. Guillemette espère attirer des artistes dans ses futurs locaux afin qu’ils puissent échanger avec les entrepreneurs.

CEVIA compte accueillir des entrepreneurs créatifs. Daniel Guillemette veut accompagner les informaticiens indépendants qui souhaitent lancer leur entreprise. S’il s’adresse à tous les types d’entrepreneurs, le président de Diversico estime que la communauté technologique sera très présente, car l’équipe de iGeny va occuper les bureaux à temps plein.

« On veut avoir la communauté d’informaticiens et d’artistes et les entreprises qui vont vouloir transformer leur culture vers un modèle libéré. On veut faire travailler ces communautés-là ensemble! », raconte-t-il.

UN PROJET LIÉ À ASTERIS

Bien qu’il soit le président de Diversico, le CEVIA est inscrit sous le nom d’Asteris parce que c’est sous le nom de ce groupe qu’il désire s’adresser à la population.

« Asteris vise à démocratiser un peu les services financiers, à les rendre transparents, objectifs et indépendants. Les services financiers, c’est très important et en général, les gens n’ont pas reçu une bonne éducation financière. Asteris veut remédier à ça. On veut attirer l’attention du public vers le mouvement qu’on cherche à créer qui vise à modifier la manière dont les services financiers sont donnés à la population. Il faut intéresser le public et lui présenter un projet cool. Et CEVIA c’est un projet cool; j‘ai donc l’impression d’atteindre ma cible plus facilement en faisant parler Asteris de ce projet plutôt que Diversico », explique Daniel Guillemette.

Si Daniel Guillemette espère pouvoir inaugurer le bâtiment à la fin de 2019, il n’est pas encore certain de pouvoir le faire pour cette date. Le projet a déjà énormément évolué depuis sa première ébauche en février 2018 et M. Guillemette n’est pas fermé à d’autres modifications.

« Au fur et à mesure qu’on est confrontés à des obstacles, on réagit. C’est une belle démonstration de notre agilité », explique-t-il.

Le conseiller ne sait pas non plus comment faire payer les personnes qui occuperont le bâtiment. Il estime que ça sera davantage baser sur une forme de membership.

« Une entreprise qui s’associe à CEVIA ferait ainsi une déclaration : s’engager à aller vers un monde meilleur », explique Daniel Guillemette.

La rédaction