La finance verte a la cote malgré tout

Par La rédaction | 10 février 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Tirelire en verre à l'intérieur de laquelle pousse un signe de dollar végétal.
pogonici / 123RF

À l’heure où la plupart des États industrialisés ont renoncé à se donner les moyens de lutter contre les changements climatiques, des entreprises, des banques et un nombre croissant d’investisseurs semblent au contraire se convertir à la finance verte, rapporte l’Agence France-Presse.

L’idée? Contribuer à (peut-être) sauver la planète tout en gagnant (à coup sûr) de l’argent. Et le mouvement fonctionne, note l’AFP, puisque, au cours de ces dernières années, l’environnement a fait son apparition au sein des marchés et figure désormais parmi les principaux critères d’investissement de nombreux particuliers.

Toutefois, souligne l’agence de presse, les investisseurs – en particuliers américains – qui placent leur argent dans des secteurs comme l’énergie solaire ou éolienne ne sont pas tous animés de sentiments altruistes. Autrement dit, la lutte contre la crise climatique qui se profile à l’horizon ne les émeut pas profondément; ce qu’ils veulent, c’est obtenir les meilleurs rendements possibles. « Ils se soucient seulement du prix », a récemment confirmé Sean Kidney, directeur général de la Climate Bonds Initiative, lors d’une conférence sur la finance verte organisée à Londres par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.

90 000 G$ D’INVESTISSEMENTS D’ICI 2050

Interrogé par l’AFP, Sean Kidney, dont l’organisation certifie des « obligations vertes » émises par les gouvernements ou les entreprises, prévoit que la transition vers une économie à faible émission carbone pourrait générer jusqu’à 90 000 milliards de dollars d’investissements d’ici à 2050, en particulier dans des secteurs comme le chauffage ou les transports.

Dans ce contexte, face à l’inertie de nombreux États et au refus des États-Unis et d’autres pays de respecter les accords de Paris de 2015, la communauté financière tente d’aller de l’avant, résume l’AFP. Le géant BlackRock a ainsi récemment annoncé son intention d’arrêter de financer l’industrie du charbon, une décision déjà prise par plusieurs autres acteurs importants du monde économique. « Tout le monde parle désormais du risque climatique. Nous avons atteint le point de bascule », estime Nick Anderson, responsable des normes comptables International Financial Reporting Standards (IFRS).

Autre signe concret que la finance s’intéresse de plus en plus à la question environnementale : l’an dernier, le marché des « obligations vertes » a explosé pour atteindre 258 milliards de dollars, selon Climate Bonds Initiative. De même, alors qu’ils étaient encore tenus pour quantité négligeable il y a peu, les divisions responsables des critères ESG (environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance) sont désormais devenues incontournables dans tous les grands établissements bancaires soucieux de « verdir » leurs placements… et d’améliorer leur image auprès du grand public.

DES PROJETS PLUS SAINS SUR LE PLAN FINANCIER

Pour espérer gagner ce pari, il reste cependant un défi de taille à relever, note l’AFP : celui d’« évaluer correctement le risque climatique au moment où le nombre d’événements météorologiques extrêmes augmente ». Des agences spécialisées dans ce domaine d’expertise ont ainsi élaboré de nouveaux simulateurs destinés à « calculer l’exposition des entreprises en évaluant le poids des actifs liés aux émissions polluantes », précise l’agence de presse.

Dans cette affaire, tout le monde est gagnant puisque les investissements « verts » rapportent de l’argent, note James Leaton, coresponsable de la branche risque climatique chez Moody’s. Les projets d’investissements respectueux de l’environnement sont aussi souvent plus sains sur le plan financier et leur taux de défaut est plus bas que celui de leurs homologues traditionnels, ajoute le dirigeant.

« Ce mouvement englobe en outre les banques centrales, garantes de la stabilité financière, à l’image du Réseau pour verdir le système financier (Network for Greening the Financial System), lancé par plusieurs d’entre elles », note encore l’AFP.

La rédaction