La hausse des taux de la Fed aura peu d’impact au Canada

Par La rédaction | 16 mars 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La Réserve fédérale des États-Unis a annoncé hier une augmentation d’un quart de point de pourcentage de son taux directeur. Cette décision ne devrait cependant pas affecter les marchés au pays, selon Desjardins.

Au terme de sa réunion de politique monétaire de deux jours, la Fed a donc procédé à son premier relèvement de taux de l’année, mais le deuxième en l’espace de trois mois, ce qui porte désormais le taux cible des fonds fédéraux entre 0,75 % et 1 %.

Toutefois, la nouvelle n’a pris aucun observateur de court, explique Mathieu D’Anjou, économiste principal chez Desjardins. En effet, cette décision était anticipée depuis déjà quelques semaines, notamment en raison de plusieurs prises de position en ce sens de la part des membres de la banque centrale américaine.

QUEL IMPACT AU PAYS?

« Non seulement la réaction des investisseurs n’est pas négative, mais on dirait qu’ils ont été soulagés de voir que la Fed ne signalait pas qu’elle allait monter ses taux plus rapidement par la suite, puisqu’elle projette toujours deux autres hausses pour cette année et trois pour 2018. Cette position mesurée rassure les marchés », commente l’analyste, qui estime que « le resserrement monétaire aux États-Unis laisse entrevoir une remontée graduelle des taux d’intérêt à moyen et long terme au pays ».

« Il est clair qu’un relèvement des taux d’intérêt est généralement défavorable pour les obligations, dont le prix est inversement relié aux taux d’intérêt, précise-t-il, ajoutant qu’une hausse de taux est également favorable à la devise locale, ce qui pourrait favoriser une appréciation du dollar américain par rapport à d’autres devises, dont le huard. » Toutefois, insiste Mathieu D’Anjou, comme la hausse annoncée mercredi était pleinement anticipée, ce sont surtout les indications de la Fed pour la suite des choses qui devraient influencer les marchés.

La bonne nouvelle, explique-t-il, c’est que la banque centrale américaine a décidé de maintenir le train de hausses qu’elle avait annoncé en décembre dernier, c’est-à-dire encore deux fois un quart de point de pourcentage, soit une augmentation totale de 0,75 % pour l’ensemble de l’année. Résultat : les marchés savent à quoi s’en tenir pour les prochains mois et, au Canada, l’incidence de ces augmentations « ne devrait pas être très forte ». « Le fait que l’annonce de la Fed ait été bien accueillie est plutôt une bonne chose pour les actions canadiennes. Malgré tout, si elle continue de hausser ses taux tel que prévu, cela pourrait désavantager un peu le marché obligataire au cours des prochains mois ».

QUE FERA LA BANQUE DU CANADA?

« Au contraire, souligne l’économiste, si la Réserve fédérale avait prôné un relèvement plus rapide qu’anticipé des taux directeurs pour les prochains trimestres, les taux obligataires nord-américains auraient probablement fortement augmenté, entraînant un recul de la valeur des obligations. Le signal d’un relèvement rapide des taux d’intérêt aurait même pu faire reculer les Bourses puisque la forte évaluation de ces dernières repose en partie sur le contexte de taux d’intérêt très faibles. »

Interrogé sur la position qu’adoptera la Banque du Canada (BdC), Mathieu D’Anjou réaffirme qu’il n’y a « aucune urgence, du côté canadien, à emboîter le pas à la Fed. Contrairement à cette dernière, qui annonce depuis longtemps qu’elle veut monter graduellement ses taux, la banque centrale n’envoie vraiment pas le même message. Elle demeure très prudente et inquiète par rapport à la situation au pays, même si les dernières données sont encourageantes, avec notamment une inflation qui se rapproche de la cible de 2 % qu’elle s’est fixée », explique-t-il.

Dans ce contexte, poursuit l’économiste, on peut s’attendre à une inflexion du discours de la BdC au cours des prochains mois, qui devrait se montrer plus positif. Cela dit, il prévoit qu’il faudra attendre encore « plusieurs trimestres » avant que l’institution fédérale décide à son tour de commencer à augmenter ses taux directeurs, « probablement en juillet 2018 ».

La rédaction