La révolution de l’IA ne fait que commencer

Par Nicolas Ritoux | 11 juillet 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Karsten Neglia / 123RF

L’intelligence artificielle fait l’objet de toutes les attentions, un peu à la manière de la bulle des technologies voilà un quart de siècle. Mais seuls quelques-uns des joueurs actuels tireront leur épingle du jeu, prévient Robertson Velez, gestionnaire de portefeuille à Gestion d’actifs CIBC.

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« L’IA est présente depuis un certain temps dans le secteur des technologies, mais ses récentes avancées lui permettent enfin de se rendre très utile. Son application la plus en vogue est l’IA générative, qui peut sélectionner et arranger des composantes textuelles et visuelles pour en faire un article, du code informatique, une image, ou une vidéo. Son potentiel est énorme quant aux gains de productivité, car elle va transformer nos façons de travailler et l’usage que font les entreprises de leurs données pour mieux interagir avec leurs clients », explique Robertson Velez.

Après une génération d’applications qui touchaient à la reconnaissance visuelle et vocale, aux systèmes de recommandation, et aux robots de clavardage, cette nouvelle forme d’IA pourra être intégrée à des logiciels de productivité comme les traitements de texte et les chiffriers, ou à des logiciels de design graphique ou de codage informatique, afin de compléter le travail de leurs utilisateurs.

« L’IA générative permettra également aux entreprises de répondre de manière détaillée à des questions compliquées de leurs clients, ou encore de répondre plus précisément aux usagers des moteurs de recherche, ce qui pourrait révolutionner la publicité en ligne et les interactions entre marques et consommateurs. Enfin, les entreprises pourront trouver de nouvelles utilités aux données qu’elles recueillent auprès de leurs clients et dans leurs opérations », dit Robertson Velez.

Il rappelle que la technologie soutient les hausses de productivité de manière continuelle depuis plusieurs décennies, citant au passage Gordon Moore, l’un des fondateurs d’Intel, qui avait prévu en 1965 que la puissance de calcul des ordinateurs allait croître de manière exponentielle pendant que son coût allait baisser de moitié environ tous les deux ans ; c’est la fameuse « Loi de Moore » qui a pu se vérifier dans les six dernières décennies. Elle a rendu possible les progrès que l’on a connus car elle rendait les technologies sous-jacentes de plus en plus abordables et pratiques.

Mais au fil des bulles technologiques, on a pu voir les investisseurs « tomber dans le piège » consistant à surévaluer le court terme tout en sous-évaluant le long terme. La popularisation de l’internet, par exemple, a provoqué une telle « exubérance » qu’elle a conduit à l’éclatement de la bulle technologique au tournant du millénaire. Depuis, l’internet a réalisé ses promesses de l’époque et les a même dépassées, mais il était peut-être trop précipité de s’emballer à l’époque. Or l’expert voit le même piège se former avec l’IA.

« Le marché tend à sous-évaluer l’IA à long terme et les investisseurs patients peuvent en profiter. Au-delà du bruit actuel, et des moments d’euphorie ou de dépression, l’IA finira par révolutionner nos vies comme l’ont fait avant elles le web et la téléphonie mobile. La croissance sera exponentielle et sans doute supérieure à nos anticipations actuelles. Ceux qui ont la patience de positionner leur portefeuille à long terme seront abondamment récompensés », dit Robertson Velez.

L’expert donne plusieurs exemples d’entreprises bien placées pour le long terme. D’abord Microsoft, qui va intégrer ChatGPT à ses produits logiciels comme Office, vendre des outils de productivité par IA à son immense base d’utilisateurs, améliorer son moteur de recherche Bing, raffiner ses capacités de ciblage pour les annonceurs, et offrir davantage de stockage de données aux entreprises sur sa plateforme Azure.

« Microsoft peut aider ses clients commerciaux à utiliser l’IA pour tirer parti de leurs données, qu’il s’agisse de mieux servir leurs clients, d’améliorer leurs flux de tâches, de raffiner leur ciblage publicitaire, et généralement accroître leurs niveaux de service, le tout à partir des centres de données de Microsoft », illustre Robertson Velez.

Il cite également le fabricant de puces Nvidia, qui détient actuellement un quasi-monopole sur l’infrastructure de l’IA. De nouveaux besoins en équipements sont à prévoir dans les centres de données afin d’entraîner l’IA, et Nvidia est bien placée pour en profiter.

Enfin, Google va certainement tirer parti de l’IA pour améliorer son offre publicitaire. Elle détient actuellement 93 % du marché de la publicité dans les moteurs de recherche, et a investi massivement dans l’IA depuis plusieurs années. L’entreprise a lancé sa propre solution d’IA générative qui devrait lui permettre d’accroître la monétisation de son immense base d’utilisateurs, pour d’importants gains à long terme.

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.