L’assurance vie entière est-elle en perte de vitesse?

Par La rédaction | 16 juillet 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Michael Wick /123rf

Certains spécialistes du secteur estiment que l’assurance vie entière serait en perte de vitesse depuis l’an dernier et que ce phénomène, lié aux nouvelles règles fiscales en vigueur au pays, contraindrait désormais les compagnies à mettre davantage l’accent sur l’assurance vie temporaire. Conseiller fait le point.

Selon les données de la firme internationale LIMRA, plus de la moitié (57 %) des polices vendues d’un océan à l’autre au troisième trimestre de 2017 concernent l’assurance vie temporaire, comparativement à 27 % pour la vie entière et à 15 % pour la vie universelle. Autrement dit, les ventes d’assurance temporaire dépassent en effet largement celles de l’assurance universelle et de la vie entière.

Les récents changements apportés par le gouvernement fédéral aux règles d’exonération fiscale portant sur l’utilisation des polices permanentes en matière de planification fiscale et successorale semblent avoir eu un impact négatif dans ce domaine. Entrées en vigueur en janvier 2017, celles-ci ont notamment eu des conséquences pour les souscriptions d’assurance vie avec participation et d’assurance vie universelle au cours des deux années écoulées.

BIENTÔT DES STATISTIQUES POUR 2017

Interrogée par Conseiller sur ce phénomène, l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes refuse néanmoins de confirmer avoir enregistré une baisse de la demande pour l’assurance vie entière durant l’année écoulée.

« Nous n’avons pas publié de données statistiques en 2017 sur notre industrie, données qui fournissent des renseignements détaillés sur les produits et services en matière d’assurance vie disponibles au pays. Nous aurons davantage de renseignements sur la situation de ce segment une fois que nous aurons en main l’édition 2018 des Faits sur les assurances de personnes au Canada, qui doit être publié en septembre », justifie Dominique Biron-Bordeleau, responsable des affaires publiques et gouvernementales de l’ACCAP pour le Québec.

Rappelant que « des règles fiscales importantes pour le traitement des polices d’assurance vie permanente ont été maintenues pour les polices établies avant le 1er janvier 2017 », la porte-parole juge que « cela a probablement fait augmenter les ventes des polices de ce type avant la fin de 2016 ». Toutefois, insiste-t-elle, « il est encore trop tôt pour déterminer les effets à long terme de ce changement, par opposition à la simple variation des ventes de polices en 2016 ».

« PAS DE TENDANCE À LA BAISSE »

De toute façon, ajoute Dominique Biron-Bordeleau, « les données relatives aux 10 années précédentes, c’est-à-dire la période 2006-2016, n’indiquent pas de tendance à la baisse de l’assurance vie entière en vigueur ». La plus récente édition de la brochure de l’ACCAP Faits sur les assurances de personnes au Canada mentionne notamment le fait qu’en 2016, l’industrie a versé aux Canadiens 88 G$ de prestations, soit près de 1,7 G$ par semaine, soit une hausse de plus de 50 % par rapport à 2006. Quant à l’assurance vie entière individuelle, la demande s’est légèrement effritée sur une décennie, passant de 13 % en 2006 à 11 % en 2016.

Interrogée par Conseiller quant aux conséquences pour l’industrie de cette baisse et aux perspectives d’avenir dans le secteur, Dominique Biron-Bordeleau relève que les statistiques de l’ACCAP montrent que, malgré ce recul de 2 % de la part de marché de ce segment sur 10 ans, « l’assurance vie entière en vigueur, soit le total des capitaux assurés souscrits, a progressé à un taux annuel moyen de 2,6 % au cours de la décennie ».

Ce phénomène était d’ailleurs prévisible, soutient-elle, « puisque le capital assuré de l’assurance vie entière et des autres assurances permanentes, comme l’assurance vie universelle, tend à être inférieur à celui de l’assurance vie temporaire ». Or, rappelle la porte-parole, cette dernière représente « une solution avantageuse pour les jeunes familles ayant des engagements importants sur le plan financier, notamment une hypothèque ».

La rédaction