Le conseil financier déductible d’impôt?

Par La rédaction | 6 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Inquiet du manque de planification financière d’une large partie de la population, le gouvernement britannique propose d’instaurer l’an prochain une mesure fiscale pour faciliter l’accès au conseil financier. Au Québec, l’idée est observée avec scepticisme.

Selon un document de consultation publié la semaine dernière, cette mesure, qui entrerait en vigueur en avril 2017, permet aux épargnants britanniques de moins de 55 ans de retirer de leur régime de retraite jusqu’à 500 livres (env. 870 $CAD) libres d’impôt, pour couvrir leurs frais de conseils financiers.

Cette somme pourra être utilisée pour payer les services d’un conseiller dûment enregistré auprès des autorités de réglementation, qu’il s’agisse d’un professionnel en chair et en os ou d’un robot-conseiller.

Seuls les participants à un régime de retraite à cotisation déterminée pourront se prévaloir de la mesure, rapporte le Financial Times.

Le montant de 500 livres s’ajouterait au retrait sans imposition de 25 % des cotisations accumulées que peuvent effectuer les épargnants à partir de 55 ans.

DÉFICIT DE CONSEILS

Le gouvernement britannique a formulé cette proposition pour la première fois en avril dernier, lors du dépôt du budget, rapporte International Advisor. Elle est basée sur les recommandations du Financial Conduct Authority (FCA), l’organisme de réglementation des marchés financiers au Royaume-Uni.

Le rapport du FCA parlait d’un « déficit de conseil » en planification de retraite chez les individus qui ne possèdent pas un « patrimoine significatif ». L’organisme avait invité le gouvernement à introduire une allocation libre d’impôt pour rendre plus accessible le conseil financier.

PEU D’ENTHOUSIASME AU QUÉBEC

Flavio Vani, président de l’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF) se montre peu impressionné par le raisonnement du gouvernement britannique.

« Ils ont perdu plusieurs conseillers lorsqu’ils ont aboli les commissions de suivi en 2013, ce qui a diminué l’accès des investisseurs au conseil financier, notamment chez ceux qui ont de petits portefeuilles, rappelle-t-il. Les commissions étaient payées par les investisseurs eux-mêmes, donc provenaient de source privée. Et là, l’État intervient pour augmenter l’utilisation du conseil financier en utilisant les taxes des citoyens. C’est une aberration pour moi. »

Réaction plus positive, mais interrogation similaire du côté de Marie Elaine Farley, présidente et chef de la direction de la Chambre de la sécurité financière.

« Inciter les investisseurs et épargnants à consulter un conseiller dûment certifié, formé et encadré ne peut qu’être bénéfique, croit-elle. Il a été démontré que les gens qui font affaire avec un conseiller sont plus avisés, épargnent davantage et sont mieux préparés pour la retraite. Il serait toutefois intéressant de savoir pourquoi une telle mesure a été implantée. A-t-elle été nécessaire en raison des conséquences engendrées par l’abolition de la rémunération par commissions? Selon certaines études, cette abolition aurait pour effet de limiter l’accès aux conseils de professionnels. Quoi qu’il en soit, il est essentiel de tirer des leçons de l’expérience anglaise à l’aube des consultations sur le sujet. »

De fait, des recherches menées par le répertoire de services professionnels Unbiased démontrent que les épargnants qui reçoivent des conseils financiers de la part d’un professionnel augmentent leur épargne-retraite de 98 livres par mois en moyenne. Or, moins du tiers des Britanniques reçoivent des conseils sur la planification de la retraite, selon le gouvernement.

Bien que l’industrie financière britannique estime que l’annonce de cette mesure est une bonne nouvelle pour les consommateurs, elle s’inquiète du fait que des fraudeurs puissent profiter de l’occasion pour se faire passer pour des conseillers en services financiers et empocher ces allocations de 500 livres.

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