Le détricotage de la loi Dodd-Frank se poursuit

Par La rédaction | 12 juin 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le détricotage de la loi Dodd-Frank, adoptée aux États-Unis dans la foulée de la crise financière de 2008, a franchi une autre étape en étant adopté à la Chambre des représentants, rapporte le New York Times.

C’est par 233 voix contre 186 que le Financial Choice Act a été approuvé. Tous les démocrates ont voté contre, mais tous les républicains sauf un ont soutenu le projet, auquel tient mordicus le président Donald Trump. Le passage au Sénat risque d’être plus compliqué, la majorité des républicains y étant beaucoup plus faible. Peu nombreux sont ceux qui croient que le projet de loi traversera cette étape ultime sans modification.

COUPER DANS LA RÉGLEMENTATION

Telle qu’il est rédigé présentement, ce texte exonère certaines institutions financières de plusieurs restrictions limitant les risques qu’elles peuvent prendre avec leurs fonds. La façon d’intervenir auprès des organisations en difficulté serait modifiée. De plus, les pouvoirs du Consumer Financial Protection Bureau seraient réduits et son directeur pourrait être limogé sur un simple décret du président.

Autre victime de ce projet de loi : la règle fiduciaire du département du Travail, qui exige des courtiers qu’ils agissent dans le meilleur intérêt de leurs clients lorsqu’ils les conseillent sur des placements de retraite, serait abolie. Les premières dispositions de cette loi adoptée par Obama entraient en vigueur vendredi le 9 juin. Elle pourrait avoir une espérance de vie assez courte…

À LA MERCI DES LOUPS…

Le Bureau du Budget du Congrès soutient que le Financial Choice Act pourrait réduire le déficit fédéral de 21,1 milliards de dollars américains (28,4 G $CAN) en dix ans… s’il ne cause pas trop de dégâts. Le bureau admet que ses estimations sont très incertaines en raison des difficultés de prédire le moment de la faillite d’une institution financière « d’importance systémique ». Ce qui était justement la crainte qui avait mené à l’élaboration de la loi Dodd-Frank…

Nancy Pelosi, cheffe de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, soutient que ces décisions ne reflètent pas la volonté des Américains. « Les républicains de la Chambre jettent les familles américaines en pâture aux loups de Wall Street », a-t-elle lancé.

LES BANQUES AMÉRICAINES DOMINANTES

De son côté, le quotidien économique Les Echos constate que les banques américaines bénéficieront d’un autre atout pour augmenter leur domination mondiale : la hausse des taux directeurs de la banque centrale américaine (Fed). Selon Moody’s, les États-Unis seront la seule zone de la planète où les banques verront la rentabilité de leurs actifs progresser au cours des prochains mois, rappelle le journal.

D’un côté, le refinancement de ces établissements dépend assez peu de ressources affectées par le cours des taux. Elles se fient peu sur le marché et dépendent davantage des simples dépôts bancaires. L’augmentation du taux directeur n’augmente donc que de peu leur coût de refinancement.

À l’inverse, une immense partie de leur actif (environ 76 %, selon Les Echos) est sensible aux taux. Une remontée des taux provoque une hausse des frais imposés aux clients, notamment ceux qui possèdent un prêt à taux variable, ce qui signifie une augmentation de revenus pour les banques.

En résumé, le coût de la ressource augmente peu, alors que les revenus explosent. Comme de nouvelles hausses de taux sont prévues aux États-Unis en 2017, les banques américaines devraient pouvoir bénéficier de cette mécanique favorable encore un certain temps.

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