Le dollar américain en perte de vitesse (EN FRANÇAIS)

Par Nicolas Ritoux | 21 octobre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Billets de 100 dollars américains et flèche rouge pointant vers le bas.
Photo : MicroStockHub / iStock

Le billet vert risque de ne plus s’apprécier pour longtemps, et même de se déprécier, prévient Luc de la Durantaye, stratège et chef des placements à Gestion d’actifs CIBC.

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« C’est fascinant ce qui se passe dans l’univers des devises », annonce d’emblée l’expert. Son analyse : pendant que le dollar américain tombe en défaveur, les devises de l’Asie vont devenir de plus en plus attrayantes.

« Le dollar américain est l’une des devises les plus surévaluées, les plus chères parmi les 35 que nous couvrons. Il avait l’avantage d’être lié à des taux d’intérêt plus élevés que ceux d’autres pays du G7, mais depuis la pandémie, la Fed a ramené les taux à zéro et a promis de les garder ainsi pendant longtemps. Le dollar américain a donc perdu son avantage de ce point de vue. Ensuite, l’économie américaine a un taux d’endettement très élevé, un déficit fiscal très élevé, une balance commerciale négative, tous des éléments qui font pression à la baisse sur la devise », observe Luc de la Durantaye.

À long terme, le billet vert risque en outre de tomber en défaveur parmi les pays qui en détenaient dans leurs réserves, croit-il.

« On s’est rendu compte depuis quelques années que les administrations américaines utilisaient le dollar comme outil de pression dans leur politique extérieure. Pensons aux pressions mises sur la Russie, l’Iran ou la Chine. Les pays étrangers sont plus vulnérables s’ils sont trop exposés au dollar américain, et ils commencent donc à réduire leur expositon. Cela crée un vent contraire de plus », dit Luc de la Durantaye.

Il recommande aux investisseurs canadiens, qui sont souvent très exposés à la devise américaine, de garder à l’esprit que le billet vert pourrait « ne pas s’apprécier pendant de longues années et même se déprécier », et son taux de change avec le dollar canadien va devenir moins avantageux.

« On s’attend à voir le dollar canadien s’apprécier aux alentours de 78 cents américains, voire même 80 dans les six à douze prochains mois, dans un contexte où l’expansion économique se poursuit en faveur de notre économie, qui est plutôt cyclique », analyse M. de la Durantaye.

C’est désormais en Asie, où la pandémie a été relativement bien maîtrisée, qu’il va être intéressant d’acheter des devises étrangères, selon lui.

« La Chine en particulier a géré la crise beaucoup mieux que la moyenne. Sa reprise économique a été plus forte, ses taux sont plus élevés, ses comptes courants sont en surplus ou en équilibre : ce sont tous des aspects positifs comparativement aux dollars américain ou canadien. Les devises comme celles de la Chine, de l’Inde et de l’Indonésie sont attrayantes à nos yeux et les investisseurs pourraient en profiter à moyen terme. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.