Le MRCC 2 va-t-il assez loin?

Par La rédaction | 14 août 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les institutions financières et les professionnels du conseil financier se sont à peine adaptés aux nouvelles règles de divulgation des frais et rendements que déjà certains s’interrogent : le MRCC 2 va-t-il assez loin?

C’est la question que pose Anne Gaviola, de la CBC. Celle-ci rappelle qu’en vertu de la phase 2 du Modèle de relation client-conseiller, la performance des investissements depuis 2016 doit apparaître sur les relevés remis aux investisseurs, de même que les frais de conseil et les commissions. Les commissions de suivi, notamment, ne peuvent plus rester dans l’ombre.

Toutefois, d’autres sommes, comme les frais administratifs, frais de transaction et frais de garde restent souvent non déclarés, déplore-t-elle. Puisque le MRCC 2 n’oblige pas à divulguer ces frais, le fardeau de les découvrir revient donc aux investisseurs.

DIVULGATION INÉGALE

Une injustice pour les conseillers indépendants, déplorait déjà Flavio Vani, président de l’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF) en juin 2015, dans un article de Conseiller.

« Le MRCC 2 ne met l’accent que sur les commissions, expliquait-il alors. Nous devrons divulguer notre rémunération. Mais qu’arrivera-t-il avec la distribution des fonds maison dans les banques et les caisses? Et les petites sociétés de fonds communs qui vendent leurs produits sans l’intermédiaire d’un tiers? Ces gens-là peuvent ne pas verser de commissions. Ça ne les empêche pas de faire des profits via les frais de gestion. Or, ils n’auront pas à indiquer leurs frais sur les relevés annuels. Ça crée un grand préjudice à notre endroit. »

En entrevue avec la CBC, Tom Bradley déplore cette divulgation inégale. Le PDG de Steadyhand, qui offre des fonds communs à bas coût, rappelle qu’il a fallu une décennie pour implanter le MRCC 2 et qu’il reste incomplet en raison de la résistance farouche des institutions financières, notamment des grandes banques. L’Association canadienne des courtiers de fonds mutuels du Canada s’inquiète d’ailleurs du fait que les salaires et les bonis liés aux ventes versés dans les banques n’ont pas à être dévoilés, contrairement aux commissions de suivi, par exemple.

PARLER LA LANGUE DES INVESTISSEURS

Reste à savoir comment les investisseurs arrivent à démêler tout ça. Susan Silma a participé à l’élaboration du MRCC 2 et est maintenant associée de CRM2 Navigator, une firme qui aide les institutions financières à mieux transmettre l’information aux clients. Loin de jeter la pierre aux conseillers, elle soutient que la mauvaise communication avec les investisseurs vient souvent d’une trop grande complexité des formulaires et relevés envoyés à ces derniers.

« À leur décharge, les gens dans l’industrie qui élaborent ces documents parlent tous ce langage, dit-elle. Ils savent ce que tous ces mots veulent dire. » Ce qui est loin d’être le cas des investisseurs. Susan Silma croit que les conseillers ne doivent pas être les seuls responsables de leur éducation financière, mais que les clients doivent faire un effort pour comprendre la paperasse qu’ils reçoivent.

Et ce n’est pas toujours la norme. En 2015, une étude de la Commission des valeurs mobilières de la Colombie-Britannique dévoilait que 62 % des investisseurs lisaient toujours leurs relevés, mais que les deux tiers ne le faisaient que superficiellement, se limitant à quelques renseignements.

Les consommateurs devraient poser plus de questions à leur conseiller, soutient Mme Silma. Cela dit, ce dernier peut très bien prendre les devants en s’assurant de transmettre l’information le plus clairement possible à ses clients et en engageant de bonnes discussions avec eux. Cela évite des incompréhensions qui mènent à des surprises et des frustrations.

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