Le Québec vit dans le rouge

Par Ronald McKenzie | 30 janvier 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La Belle Province « vit définitivement au-dessus de ses moyens » et affiche une performance économique déclinante et anémique. Pourquoi? Parce que, collectivement, les Québécois sont peu productifs et que leur État dépense comme s’il avait un niveau de vie semblable à celui des pays scandinaves, alors que son PIB est jusqu’à 45 % plus faible.

Voilà le constat coup de poing que dresse le professeur Robert Gagné, directeur du Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) de HEC Montréal.

Dans une étude publiée mercredi, le CPP note que les Québécois ont un niveau de vie inférieur à celui de la population de plusieurs pays de l’OCDE et de la majorité des provinces canadiennes.

Disposant de moins de ressources financières pour répondre à leurs besoins collectifs, ils se sont tournés vers l’endettement pour combler ce manque de richesse. Cet endettement ne cesse d’ailleurs de croître depuis le début des années 2000, déplore le CPP.

Plus spécifiquement, l’étude du CPP révèle que, en 2012, la somme des dépenses effectuées par les Québécois (47 881 $ par habitant) dépassait leur niveau de vie (44 428 $ par habitant). Résultat : ils accusent un manque à gagner de 3453 $ par habitant, ce qui représente 8 % de leur niveau de vie. L’écart entre le niveau de vie et les dépenses globales par habitant n’a d’ailleurs cessé de se creuser depuis 2002 et a fini « par atteindre un sommet inégalé en 2012 », signale le centre de recherche.

Au pays, seuls le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard affichent un niveau de vie inférieur à celui du Québec. Et puis même : depuis 1981, ces provinces ont connu un taux de croissance plus élevé que le Québec. Par extension, cela signifie que si le Québec avait enregistré la même performance économique que le Nouveau-Brunswick au cours des 30 dernières années, « son niveau de vie atteindrait aujourd’hui 54 479 $, ce qui lui conférerait la quatrième place au pays plutôt que la septième, comme c’est le cas actuellement ».

Robert Gagné affirme que le Québec doit augmenter sa productivité et relancer ses exportations s’il ne veut pas devenir la province la plus pauvre du Canada. Il estime qu’en dépensant plus qu’ils gagnent, les Québécois n’ont plus les moyens de leurs ambitions.

Le spécialiste fait remarquer que l’État québécois a dû « considérablement resserrer son étau fiscal pour demeurer providentiel ». Le hic, c’est qu’on ne peut pas augmenter indéfiniment l’impôt des particuliers et des entreprises sans mettre l’économie en péril. Il juge ainsi primordial de sonner l’alarme afin d’inciter le gouvernement du Québec à remettre en question ses façons de faire.

« Si […] le Québec souhaite maintenir ses dépenses publiques à leur niveau actuel, un recours plus grand à la tarification des services publics semble incontournable. Cette mesure exige toutefois un certain courage politique, car elle suscite habituellement la grogne chez les Québécois », conclut Robert Gagné.

Ronald McKenzie