Le retour à la normale n’est pas pour demain

Par Nicolas Ritoux | 10 juin 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les marchés d’actions sont un peu trop optimistes quant à la réouverture de l’économie, estime Katherine Judge, économiste à Marchés mondiaux CIBC.

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« Les gouvernements ont commencé à relâcher certaines mesures de distanciation sociale, mais bien sûr, il n’y a toujours pas de vaccin contre la COVID-19, alors il va falloir procéder très lentement, par étapes graduelles. Certains vont retourner au travail, mais le chômage demeurera élevé, car certains secteurs fonctionneront encore au ralenti – ou même pas du tout dans le cas des activités impliquant de grands regroupements », observe Katherine Judge.

Bien que le virus ait fait plus de ravages aux États-Unis qu’au Canada, notre reprise pourrait être encore plus lente en raison de notre dépendance à la demande de matières premières, explique l’économiste.

« Les dirigeants américains ont pris davantage de libertés que les nôtres dans la réouverture de l’économie et une deuxième vague d’infections est plus probable aux États-Unis qu’au Canada. Néanmoins, la contraction sera plus importante chez nous à cause de la faible demande mondiale de matière premières. »

 VERS LA REPRISE

L’experte passe en revue les différents secteurs appelés à rouvrir.

« Les premiers sont la vente au détail, la construction et la production manufacturière. L’activité devrait donc y reprendre bientôt. Cela dit, même si certains restaurants et magasins ouvrent leurs portes, cela ne veut pas dire que les consommateurs se sentent en sécurité pour y aller en l’absence d’un vaccin. En outre, le fort taux de chômage fait baisser les revenus et affecte la demande », dit Katherine Judge.

« Les derniers à reprendre seront ceux qui seront soumis le plus longtemps aux mesures de distanciation. Cela inclut les voyages, l’hôtellerie, les loisirs, les événements grand public ou encore les bars », poursuit-elle.

Si la faiblesse des taux d’intérêt pousse les investisseurs vers les marchés d’actions, Mme Judge les met en garde contre l’optimisme ambiant.

« Il se peut que les marchés négligent le risque d’une seconde vague d’infections. On a peut-être passé le pire, mais cela ne veut pas dire qu’on est maintenant dans une croisière paisible. La montée récente des cours est un peu suspecte et les investisseurs devraient garder cela à l’esprit », prévient-elle.

Même si la consommation reprend, ce ne sera pas dans les secteurs discrétionnaires, ajoute l’experte.

« La reprise estivale passera par la consommation non discrétionnaire. Les autres pans de l’économie, comme l’investissement des entreprises et les exportations, vont rester faibles pour encore un moment. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, présenté par CIBC. Il a été écrit sans l’intervention du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.