Le secteur bancaire canadien fait mieux que le reste de l’économie

Par La rédaction | 30 mars 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La croissance du secteur bancaire canadien se limitera à 2,4 % cette année, en raison du ralentissement de la progression du crédit aux particuliers et aux entreprises, selon un rapport publié hier par le Conference Board du Canada.

Si l’on en croit ce Profil de l’industrie canadienne des services bancaires (en anglais, payant), le secteur devrait tout de même s’en tirer mieux que l’économie dans son ensemble, alors que les marges bénéficiaires demeureront « confortables » au cours de la période de prévision.

Ainsi, malgré des taux d’intérêt « historiquement bas », la marge bénéficiaire s’y est « considérablement accrue ces dernières années » et elle devrait s’établir en moyenne « autour de 31 % au cours des cinq prochaines années ». Entretemps, les bénéfices avant impôt continueront par ailleurs d’augmenter, puisqu’ils dépasseront la barre des 80 milliards de dollars dès cette année.

DES SOURCES DE REVENUS HORS INTÉRÊTS

Comme les taux d’intérêt demeurent pour l’instant particulièrement faibles, cette performance « remarquable » du secteur bancaire peut être en grande partie attribuée à « des sources de revenus hors intérêts », souligne le Conference Board.

Précisant que « les intérêts gagnés, qui représentent plus de 40 % des revenus du secteur, sont restés pratiquement inchangés au cours des dernières années, le groupe de réflexion précise que pour stimuler la croissance de ses revenus, les institutions financières ont dû miser sur d’autres sources, « notamment en offrant des services de gestion des assurances et des investissements et en imposant des frais bancaires ».

Ainsi, « voyant la croissance du crédit à la consommation restreinte par les dettes élevées des ménages et les faibles taux d’intérêt », celles-ci se sont tournées « avec enthousiasme » vers les prêts aux entreprises au cours des dernières années. Résultat, les prêts consentis au secteur privé par des banques à charte ont connu leur plus longue expansion jamais enregistrée, soit 24 trimestres consécutifs de croissance depuis la récession de 2009, note le Conference Board.

Toutefois, nuance-t-il, ce segment commence aujourd’hui lui aussi à s’essouffler et « les hausses à deux chiffres observées en 2016 ne se maintiendront pas à l’avenir, en raison du ralentissement prévu de la croissance des prêts au secteur privé cette année ».

LE MARCHÉ DU LOGEMENT S’ESSOUFFLE

Par ailleurs, le rapport prévoit que le marché du logement au pays devrait « perdre de la vigueur » sous l’effet de nouvelles taxes et du resserrement des règles en matière de prêts hypothécaires annoncé l’automne dernier par Ottawa, sans parler de « la hausse probable, quoique modeste, des taux d’intérêt à compter de 2018 ». Autant de facteurs qui devraient aboutir à un plus grand affaiblissement de la croissance des dettes hypothécaires et non hypothécaires. « De fait, cette année, pour la première fois en 25 ans, la croissance du revenu disponible devrait dépasser celle de la dette des consommateurs », relève le Conference Board.

« Même si l’économie canadienne tourne au ralenti, le secteur bancaire a réussi à enregistrer de très bons résultats en 2016, grâce en grande partie à la forte croissance du secteur du logement et des marchés boursiers. Toutefois, sous l’effet de l’affaiblissement attendu de la croissance du crédit aux particuliers et aux entreprises, le secteur progressera à une cadence réduite par rapport à celle que nous avons pu observer au cours des dernières années », résume Kristelle Audet, économiste principale au sein du groupe de réflexion.

La rédaction