Le taux d’emprunt à 10 ans passe à -0,023 % en Allemagne

Par La rédaction | 15 juin 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Pour la première fois de son histoire hier, le taux d’emprunt allemand à 10 ans a chuté sous zéro, affichant -0,023 % vers onze heures.

Plus que symbolique, cette chute est révélatrice de conditions particulières sur les marchés liées à certaines politiques monétaires des banques centrales et aux craintes des investisseurs face à des événements géopolitiques, explique le quotidien français La Tribune.

En tête de liste des explications de cette ruée sur la dette allemande : les craintes liées au Brexit. Les investisseurs échangent le rendement contre la sécurité tant ils redoutent des effets négatifs et brutaux sur le marché si les Britanniques votent pour une sortie de l’Union européenne le 23 juin prochain. La dette allemande, considérée comme une des plus sûres de la planète, fait figure de valeur refuge idéale.

L’IMPACT DE LA BCE

Mais le mouvement vers les obligations allemandes est plus complexe que le simple désir de se mettre à l’abri de la tornade Brexit. Le rôle et les politiques de la Banque centrale européenne (BCE) y sont aussi pour beaucoup.

Dans le cadre de son programme de rachat d’actifs publics, la BCE s’est engagée à racheter des titres en fonction de la répartition de son capital. C’est donc dire que la dette allemande doit compter pour 27 % du total des rachats. Cependant, la BCE se refuse à acheter des titres dont le taux est inférieur à son taux de dépôt, lequel est actuellement de -0,4 %. Cela exclut d’office les obligations allemandes de plus courte durée, rendant les obligations sur dix ans plus attrayantes.

Et dire que la BCE a mis en place sa politique de rachat justement pour décourager les investisseurs d’acheter de la dette allemande et les inciter à choisir des titres plus risqués, mais offrant de meilleures perspectives de rendement. De toute évidence, les marchés répondent « non, merci », tant ils ont de l’appétit pour la sécurité et beaucoup moins pour le risque.

L’ALLEMAGNE EN PROFITERA-T-ELLE?

Reste que l’occasion pourrait être belle pour l’Allemagne d’en profiter pour se financer à coût nul et dynamiser une économie qui n’est pas à l’abri de tout ralentissement, rappelle La Tribune. Toutefois, l’obsession du « Schwarze Nul », l’équivalent du déficit zéro, oblige l’Allemagne à financer toute nouvelle dépense par des revenus, et ce, bien que les comptes publics du pays soient excédentaires.

Les 23,8 milliards d’euros (34,2 G$) devant être levés sur les marchés prochainement par l’Allemagne ne devraient donc servir qu’à rembourser sa dette et non à financer, par exemple, un plan de construction d’infrastructures.

Pourtant, il s’agirait là d’une belle occasion de dynamiser non seulement l’économie allemande, mais celle de la zone euro. Dépenser davantage offrirait aussi une perspective de croissance plus enthousiasmante, ce qui pourrait redonner confiance aux investisseurs et les détourner de valeurs refuges comme la dette allemande.

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