L’économie mondiale menacée par l’excès de dette

Par La rédaction | 8 mars 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le problème de la dette menace la reprise économique et risque de plonger le monde dans une nouvelle crise, met en garde la Banque des règlements internationaux (BRI) dans son rapport trimestriel publié dimanche.

« L’année 2016 a commencé par l’une des pires vagues de liquidation jamais vues », souligne Claudio Borio, le chef du département monétaire et économique de la BRI, dans les commentaires qui accompagnent ce document.

Intitulé Un calme précaire fait place à des turbulences sur les marchés financiers, l’étude revient notamment sur les secousses qui ont agité les Bourses mondiales il y a quelques semaines.

DOUTES SUR LA SANTÉ DES BANQUES

« Depuis le début de l’année, les marchés sont perturbés par les inquiétudes concernant la croissance en Chine et dans d’autres économies de marché émergentes, mais aussi par des doutes sur la santé des grandes banques internationales », indique la BRI, considérée comme la banque centrale des banques centrales.

La première vague de turbulences enregistrée durant les mois de décembre et de janvier a été suivie par une seconde en février, « plus brève mais peut-être plus préoccupante », générée cette fois par les inquiétudes concernant la solidité des grandes institutions financières. Une inquiétude qui est encore montée d’un cran lorsque la banque du Japon a décidé à son tour d’imposer des taux négatifs le mois dernier.

« À un moment ou à un autre, la tension entre le calme des marchés et les fragilités économiques sous-jacentes allait devoir se dénouer. Ce dernier trimestre, nous avons peut­-être vu le début de cette résolution », commente Claudio Borio.

NIVEAU D’ENDETTEMENT RECORD

Selon lui, les indices permettant de comprendre ces soubresauts ne sont toutefois « pas difficiles à trouver » et ils sont reliés au niveau de la dette, tant publique que privée, un facteur qui permet de comprendre « des évolutions apparemment sans rapport entre elles ».

« Sur fond de déclin de la croissance de la productivité, le stock mondial de dette continue d’augmenter et la marge de manœuvre des pouvoirs publics se rétrécit sans cesse. C’est la trilogie infernale », met en garde le chef économiste de la BRI.

En effet, souligne-t-il, le niveau global d’endettement public et privé excède désormais son niveau d’avant la crise de 2007-2008, selon les données du Fonds monétaire international. Et plus grave encore, l’endettement en dollars des entreprises des pays émergents enregistre également une forte hausse.

ACCALMIE OU PRÉMICES D’UN KRACH?

« Ce phénomène s’accompagne d’une envolée des prix de l’immobilier suscitée par une prise de risque audacieuse. Autant de signes qui rappellent les booms financiers observés avant la crise dans les économies qui en ont ensuite été victimes », estime Claude Borio.

Sa conclusion? « Il se pourrait que nous soyons face, non pas à des coups de tonnerre isolés, mais aux signes avant-coureurs d’une tempête qui couve depuis longtemps. »

Une situation d’autant plus inquiétante qu’en cas de nouvelle crise, les banques centrales, « trop sollicitées, et pendant trop longtemps » après l’épisode de 2007-2008 disposent désormais d’une faible marge de manœuvre, juge-t-il.

Or, les marchés commencent à s’en apercevoir, ce qui explique en partie leur nervosité, et « les pouvoirs publics seraient bien avisés d’en prendre conscience eux aussi », s’alarme le dirigeant.

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