L’éducation financière obligatoire de retour en 5e secondaire

Par La rédaction | 20 Décembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le cours d’éducation financière obligatoire en 5e secondaire sera de retour dans les établissements scolaires de la province dès la rentrée 2017. La nouvelle annoncée par le ministère de l’Éducation a déplu fortement à un syndicat d’enseignants.

Dans un communiqué publié vendredi, le ministère dit vouloir « outiller davantage les jeunes en vue de leur passage à la vie adulte et de leur entrée sur le marché du travail ». Il précise qu’à la suite des consultations menées auprès de ses partenaires, il a décidé « d’introduire deux unités obligatoires de la matière Éducation financière et de modifier le nombre d’unités obligatoires pour le cours Monde contemporain ».

Ce dernier cours « demeure entièrement dans la grille-matières » : deux unités seront dorénavant obligatoires, tandis que deux autres unités deviendront optionnelles « de manière à permettre aux écoles de mieux répondre aux besoins des élèves », ajoute-t-il.

LA VIE FINANCIÈRE, DÈS L’ADOLESCENCE

« Cette solution offre une flexibilité aux écoles et respecte leur volonté de disposer de l’autonomie nécessaire pour la réalisation de projets particuliers. Elle permet également l’enseignement des thèmes abordés dans le cours Monde contemporain, au choix des enseignants », soutient le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx.

Le ministère rappelle que le cours d’éducation financière est déjà actuellement offert en option aux élèves de cinquième secondaire dans certaines écoles. Afin de « favoriser l’appropriation du programme par le personnel enseignant », celui-ci lui offrira des formations et « soutiendra les écoles et les commissions scolaires pour l’acquisition du matériel pédagogique », souligne également le communiqué.

« Il est important de guider les jeunes dans les premiers pas de leur vie financière et l’école peut certainement y contribuer. Ce cours leur permettra d’exercer leur jugement et de développer leur capacité à prendre position sur des enjeux financiers, comme l’endettement et l’épargne, de façon à ce qu’ils puissent adopter des comportements responsables qui leur seront bénéfiques dans tous les aspects de leur vie », conclut Sébastien Proulx.

« UN CADEAU EMPOISONNÉ »

Réagissant à l’annonce du ministre, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui représente 34 000 enseignantes et enseignants, a dénoncé ce qu’elle voit comme une « décision unilatérale ».

« Depuis qu’il est en poste, Sébastien Proulx prétend être à notre écoute. Mais qui écoute-t-il vraiment en imposant dans la grille-matière un cours d’éducation financière? Les enseignantes et les enseignants? Non! Il choisit de répondre aux besoins des banquiers […] et aux attentes des institutions financières, qui savent ce qui doit être enseigné aux élèves pour être, devenir et rester de bons consommateurs plutôt que des citoyens éclairés », déplore la FAE dans un communiqué.

« Le ministre affirme qu’il s’agit d’un “retour” du cours d’économie, mais c’est faux, s’insurge le syndicat. Le cours d’éducation financière qu’il a décidé d’imposer n’est qu’une version édulcorée et utilitariste du vrai cours d’économie qui se donnait dans les écoles du Québec jusqu’en 2009. À la veille de Noël, c’est un cadeau empoisonné qu’il fait aux profs et aux élèves. »

La FAE estime par ailleurs que l’argument du ministère selon lequel cette formule offrirait de la flexibilité aux écoles et respecterait leur autonomie ne tient pas la route, car « le scénario retenu par le ministre Proulx obligera les profs à sacrifier trois des cinq thèmes de l’actuel cours Monde contemporain, tandis que les deux thèmes survivants pourront différer d’un milieu à l’autre ».

Conclusion du syndicat : « Le ministre dénature le cours Monde contemporain et nie l’expertise des enseignantes et enseignants. »

REPORTER À 2018?

La FAE s’interroge sur « l’urgence d’implanter ce cours dans six mois, alors que les profs sont débordés au quotidien ». Selon elle, l’implantation de l’éducation financière dans le curriculum des élèves devrait plutôt se faire par projet-pilote. En outre, du matériel pédagogique pertinent devrait être développé et les enseignants concernés devraient être formés adéquatement.

Pour toutes ces raisons, la Fédération demande au ministre Proulx de « reporter sa décision à la rentrée 2018 afin qu’il prenne le temps d’évaluer de nouveaux scénarios et de consulter adéquatement les enseignants ».

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