L’endettement, sujet tabou dans bien des couples

Par La rédaction | 30 juillet 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : mukhina1 / 123rf

C’est bien connu, l’argent peut être source de tension dans un couple. Un récent sondage de Manuvie révèle que bien des Canadiens cachent leur niveau d’endettement et certaines transactions à leur conjoint.

La situation serait particulièrement marquée au Québec. En effet, près d’un quart des Québécois endettés auraient dissimulé un achat important à leur tendre moitié. « C’est presque 60 % de plus que la moyenne canadienne, s’étonne Richard Payette, président et chef de la direction de Manuvie Québec. On doit apprendre à en parler et à avoir une discussion franche et ouverte sur ces sujets. »

Au Canada, deux Canadiens mariés ou vivant en union de fait sur dix ne révèlent pas leur niveau d’endettement à leur conjoint et 12 % lui ont caché un achat important. Une proportion similaire avoue avoir menti quant au coût d’une telle transaction. Si la majorité de ces achats (63 %) étaient d’une valeur inférieure à 1 000 dollars, il n’en reste pas moins que 8 % des hommes interrogés ont dissimulé un achat d’une valeur égale ou supérieur à 15 000 dollars.

L’ARGENT FAIT DES ÉTINCELLES

Le sondage a été mené par Ipsos du 11 au 14 mai 2018, auprès de 2 003 Canadiens de toutes les provinces, âgés de 20 à 69 ans. Le revenu de leur ménage était toujours supérieur à 40 000 $. Son intervalle de crédibilité est de +/- 2,5 %.

Les réponses permettent de dresser le portrait de couples où l’argent demeure un sujet sensible. Seulement quatre Canadiens sur dix parlent régulièrement finances avec leur conjoint et la moitié d’entre eux avoue que ces conversations causent des frictions dans leur couple.

Ces frictions sont plus fréquentes chez les Canadiens de moins de 35 ans et chez ceux qui se disent très endettés. Les hommes de moins de 35 ans et les hommes très endettés ont le plus tendance à dissimuler leur niveau d’endettement à leur conjoint.

LES FINANCES CAUSENT DES MAUX DE TÊTE

Par ailleurs, pas moins de quatre Canadiens sur dix mentionnent que leur endettement a des effets négatifs sur leur santé mentale. Chez les plus endettés, la proportion grimpe à 70 %. Près de la moitié des répondants se sentent souvent dépassés par leur situation financière, au point d’en perdre le sommeil dans un cas sur trois.

L’endettement a aussi des conséquences bien concrètes. Il diminue la capacité d’épargner pour la retraite et, pour plus de la moitié des Canadiens, il rend difficile d’affronter des dépenses imprévues. Un Canadien sur deux a connu un changement imprévu de sa situation financière et parmi ceux-ci, trois sur quatre ont trouvé difficile d’y faire face.

Certains produits financiers pourraient aider les Canadiens, mais ils sont rares à les connaître et à les utiliser. Au moins trois répondants sur dix n’ont pas du tout de conseiller financier. Environ deux Canadiens sur dix utilisent présentement des produits financiers dont la souplesse les aidera à gérer leurs liquidités en cas de hausse des taux. Seulement un Canadien sur dix a discuté avec son conseiller financier de l’impact qu’aurait une hausse des taux d’intérêt sur sa situation financière.

DES TAUX QUI INQUIÈTENT

Ce qui ne veut pas dire que les Canadiens sont indifférents à la remontée des taux d’intérêt. D’autres résultats du sondage de Manuvie rapportés dans un article du Globe and Mail montrent que près de 60 % des Canadiens ont modifié leur comportement pour y faire face, en coupant dans les dépenses superflues et parfois dans les frais essentiels.

Un peu moins d’un tiers (27 %) ont diminué leur nombre de sorties dans les cinémas et les bars, alors que 17 % ont épargné davantage que d’habitude et 10 % ont réduit les dépenses d’épicerie et autres dépenses essentielles. Pas moins des deux tiers des répondants s’inquiétaient ouvertement de la hausse des taux d’intérêt, et un quart paie déjà plus en intérêt qu’il y a un an.

« Les jeunes familles, sans surprise, s’inquiètent le plus de l’endettement, souligne Rick Lunny, président et chef de la direction de Banque Manuvie. Si vous êtes en position d’ajuster votre style de vie, je crois que c’est une bonne chose. »

La rédaction