Les banques ont payé des milliards de dollars de pénalités

Par La rédaction | 6 mars 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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En l’espace de dix ans, les banques américaines et européennes ont dû acquitter des centaines de milliards de dollars de pénalités financières, dont plus de la moitié sont revenus aux autorités de régulation des États-Unis.

Entre 2009 et 2017, la plupart des grands établissements bancaires de la planète ont ainsi été contraints de payer quelque 345 milliards de dollars d’amendes et de pénalités, soit à la suite d’un procès, soit dans le cadre d’un arrangement à l’amiable, révèle Les Echos, citant une étude (en anglais) publiée en février par le Boston Consulting Group (BCG).

Et encore ce montant est-il « certainement » sous-évalué, insiste le journal, puisque jusqu’en 2015, les calculs du BCG n’ont pris en compte que les amendes ou pénalités supérieures à 50 millions de dollars et qu’ils concernent en outre les seules 50 banques les plus importantes du système financier international.

PRINCIPAUX PAYEURS : LES BANQUES AMÉRICAINES

Si ce phénomène semble aujourd’hui quelque peu ralentir comparativement à la période la plus « chaude » (de 2012 à 2014), avec « seulement » 22 milliards de dollars de pénalités infligées l’an dernier, Les Echos soulignent que ce montant demeure considérable quand on sait que, durant la même période, les banques américaines ont généré des profits nets de 47 milliards.

Le rapport du BCG montre également que ce sont les banques nord-américaines qui ont payé la plus importante part de cette pluie de pénalités, avec un total de 220 milliards déboursés en 10 ans. En 2014, Citigroup a par exemple écopé à elle seule d’une amende de sept milliards de dollars pour son rôle dans le scandale des subprimes, tout comme Goldman Sachs qui, deux ans plus tard et pour la même raison, a dû verser cinq milliards aux autorités de régulation américaines.

De leur côté, les institutions financières du Vieux Continent n’ont pas non plus été épargnées, puisqu’elles représentent environ un tiers du montant total des amendes infligées, soit 125 milliards. Dans ce domaine, la « championne » aura été BNP Paribas, qui a dû débourser près de neuf milliards pour avoir violé l’embargo américain sur certains pays, tandis que Deutsche Bank arrive en deuxième position, avec une amende de 7,2 milliards pour son rôle dans la crise des subprimes.

PLUS DE 90 % DE L’ARGENT RÉCOLTÉ EST ALLÉ AUX ÉTATS-UNIS

Le rapport du BCG révèle par ailleurs que, dans l’ensemble, ce sont les autorités américaines qui ont le plus profité de cette manne financière. Entre 2009 et 2017, elles ont en effet perçu près de 200 milliards, soit 55% du total. De même, les consommateurs de l’autre côté de la frontière ont eux aussi reçu quelque 133milliards de dollars, qui leur ont été versés en compensation des préjudices qu’ils avaient subis lors de la crise immobilière et pour la vente abusive de certains produits financiers. En revanche, les régulateurs européens n’ont perçu « que » 22 milliards depuis 2009, ce qui représente moins de 6 % du total.

Interrogé par Les Echos, Gwenhaël Le Boulay, directeur associé au BCG, estime que les pénalités sont aujourd’hui devenues « une forme de coût récurrent à l’échelle de l’industrie ». Selon cet expert, quelque 200nouvelles réglementations sont publiées chaque jour en moyenne, dont certaines très structurantes, concernant par exemple la transparence sur les marchés ou la protection des données personnelles des consommateurs. « Avec l’évolution du rôle et la spécialisation des régulateurs européens, les banques vont affronter une pression croissante sur leurs procédures de contrôle et de conformité », souligne d’ailleurs le rapport du BCG.

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