Les bureaux n’ont pas dit leur dernier mot

Par Nicolas Ritoux | 14 septembre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : iStockphoto/Morsa Images

Les entreprises qui ont adopté de force le télétravail reviendront en bonne partie dans leurs bureaux après la pandémie, croit Larry Antonatos, directeur général et gestionnaire de portefeuille à Brookfield Asset Management.

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M. Antonatos investit en particulier dans les espaces de bureaux de qualité supérieure situés dans les grandes villes, qui se sont largement vidés depuis quelques mois. Mais il n’est pas inquiet pour la suite.

« Le confinement a forcé les entreprises à déployer des solutions technologiques pour faire travailler leurs employés à distance. Plusieurs se demandent donc si cette solution provisoire va devenir permanente, et faire baisser la demande d’espaces de bureaux. Nous croyons que la réponse est non. Les entreprises qui réussissent sont celles qui utilisent la collaboration en face à face pour bâtir une culture. Le télétravail peut fonctionner à court terme, mais au bout du compte, la culture d’une entreprise requiert des connexions en personne, et des espaces physiques pour les abriter », dit-il.

L’expert rappelle que ce n’est pas la première fois qu’on annonce la fin des bureaux. On l’a déjà entendu lors de la bulle des technologies, qui étaient censées donner naissance à une nouvelle ère de télétravail, et après le 11 septembre 2001, quand la peur devait rendre obsolète la densité urbaine. Chaque fois, les espaces de bureaux ont conservé leur valeur et ce sera encore le cas après cette pandémie, assure-t-il.

« Le télétravail va devenir un complément plutôt qu’un remplacement du travail au bureau. Bien qu’il offre de la souplesse aux employés, leur présence au bureau est nécessaire à la collaboration et à la culture d’entreprise, qui sont des ingrédients essentiels de la croissance de l’organisation et de leur développement professionnel », dit Larry Antonatos.

La COVID-19 aura l’avantage de renverser la tendance à la densification des espaces de bureaux, selon lui, en raison de l’importance croissante de la distanciation sanitaire. Une bonne nouvelle pour les employés de plus en plus serrés : en effet, leur superficie moyenne est passée de 425 pieds carrés en 1990 à 225 en 2010 puis à 150 en 2020.

« De plus, les grandes villes vont continuer d’attirer les talents. On a remis en cause l’avenir de New York à plusieurs reprises, lors de la crise fiscale des années 70 et des vagues de crime des années 80 et 90, après le 11 septembre 2001, puis pendant la crise financière. Non seulement New York a traversé ces tempêtes mais elle en est ressortie chaque fois plus forte pour une simple raison : les gens de tous âges apprécient le dynamisme d’une ville d’importance », poursuit Larry Antonatos.

En conséquence, les bureaux de prestige vont continuer à être d’intérêt, selon lui.

« C’est l’occasion d’investir dans ces actifs car ils sont actuellement sous-évalués. Il y a encore le risque de connaître de nouvelles vagues de COVID-19, et le retour des employés au bureau va être lent. Mais à long terme, nous croyons que ces espaces seront essentiels à la continuité des affaires. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.