Les Canadiens moins généreux qu’il y a 10 ans

Par La rédaction | 16 novembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les dons de bienfaisance effectués au pays ont nettement diminué au cours des 10 dernières années, déplore CanaDon.

Dans un rapport qu’elle vient de publier, la principale plateforme canadienne en matière de dons et de collectes de fonds en ligne passe au crible l’état du secteur caritatif d’un océan à l’autre à partir des bases de données de Statistique Canada et de l’Agence du revenu du Canada.

Résultat : compte tenu de l’inflation, les Canadiens ont réduit de 7 % leurs dons entre 2006 et 2015, ce qui représente une baisse d’environ 600 millions de dollars. De même, la proportion des familles ayant fait des dons s’est érodée durant cette période, passant de 45,3 % à 39,9 % des ménages.

DES DONS VITAUX POUR LES PETITS ORGANISMES

Le rapport montre également que s’il y a moins de dons de bienfaisance, le nombre de familles à revenu élevé a en revanche augmenté au pays. Entre 2006 et 2015, celui-ci a progressé de 8,1 %, 10,2 % et 8,4 % respectivement pour les ménages gagnant de 150 000 à 199 000 dollars, de 200 000 à 249 000 dollars et plus de 250 000 dollars. CanaDon souligne toutefois que c’est parmi ces trois groupes que l’on observe la baisse la plus importante quant au montant moyen des dons, soit une diminution de 3 % à 4 % en l’espace d’une décennie.

Le document insiste aussi sur le fait que les petits organismes de bienfaisance comptent tout particulièrement sur les dons pour continuer à faire leur travail. En 2015, 80 % des quelque 85 000 organismes de bienfaisance canadiens recensés ont engrangé des revenus de moins de 500 000 dollars. Or, si les « dons avec reçu » (offerts par des individus et des entreprises) représentaient seulement 7 % de l’ensemble des revenus du secteur caritatif national en 2015, les petits organismes de bienfaisance (ayant des revenus inférieurs à un demi-million) en ont retiré 43 % de leur revenu total.

CanaDon relève par ailleurs une augmentation des dons en ligne. Alors que dans l’ensemble, les Canadiens sont moins nombreux à manifester leur générosité, les dons en ligne ont en revanche connu une augmentation de 22,5 % par an sur sa plateforme entre 2006 et 2015. Selon la plateforme, ce phénomène « témoigne de la facilité des dons en ligne et du rythme rapide auquel les transactions commerciales évoluent vers le numérique ».

LES DONATEURS MENSUELS SONT PLUS GÉNÉREUX

Enfin, le rapport insiste sur le fait que les dons mensuels effectués en ligne, par exemple, ont un impact particulièrement positif pour les organismes de bienfaisance. En effet, ils leur permettent de compter sur une source de revenus plus prévisible que dans le cas des dons annuels. Précision intéressante : en 2015, la contribution moyenne des donateurs mensuels sur CanaDon était plus de deux fois supérieure à celle des donateurs uniques (669 dollars, comparativement à 322 dollars).

« Nous avons préparé notre rapport pour informer les Canadiens sur le secteur caritatif afin qu’ils puissent mieux en comprendre l’impact et apprécier le rôle prépondérant des organismes de bienfaisance dans leur vie personnelle et familiale. Nous espérons ainsi inciter les gens à s’engager davantage, à donner davantage et à se soucier davantage de l’avenir de ces organismes », commente Marina Glogovac, présidente-directrice générale de CanaDon.

Un secteur qui pèse lourd

  • On recense plus de 86 000 organismes de bienfaisance enregistrés au Canada et leurs revenus annuels totalisent 251 milliards de dollars. Au total, ce secteur emploie plus 1,7 million de personnes à temps plein, soit 12 % de la main-d’œuvre canadienne.
  • La grande majorité de ces organismes sont de petite taille, puisque 91 % d’entre eux ont un maximum de 10 employés rémunérés à temps plein, tandis que 63 % sont entièrement gérés par des bénévoles; 80 % ont des revenus annuels inférieurs à 500 000 dollars.
  • 67 % des revenus des organismes caritatifs proviennent du financement gouvernemental et 89 % de ce dernier est attribué aux secteurs de l’éducation et de la santé; 86 % de ces subventions vont à des organismes comptant plus de 200 employés à temps plein.
  • Les dons avec reçu (faits par des particuliers et par des entreprises ayant droit à un reçu fiscal) représentent seulement 7 % de tous les revenus du secteur caritatif.
  • Environ 8 % des dépenses des organismes sont consacrées à la gestion et à l’administration, et 1 % à la collecte de fonds.

Source : CanaDon.

Les fondations privées peu généreuses

Entre 2005 et 2015, l’actif des fondations privées au Québec a plus que doublé, passant de 4,1 à 9,8 milliards de dollars, et ce, malgré la crise financière de 2008, rapporte QMI. Citant un récent rapport de l’Institut Mallet, l’agence de presse précise toutefois que cette richesse ne profite que « très faiblement » aux organismes de bienfaisance.

D’après ce document, l’actif des fondations privées aurait ainsi bondi de 139 % en l’espace de 10 ans, tandis que celui des fondations publiques a atteint 4,8 milliards, soit une hausse de 92 % depuis 2005. Le total de l’actif des fondations publiques (près de 1 100) et privées (environ 900) représente donc, dans la province, environ 15 milliards.

Même si ces dernières, contrôlées par une famille ou par un seul donateur, ont plus d’argent, ce sont elles qui donnent le moins, observe QMI. En 2015, les dons qu’elles ont effectués se sont élevés à 294 millions, contre 590 millions pour les fondations publiques, dirigées par un conseil d’administration.

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