Les candidats à la présidence française piètres gestionnaires

Par La rédaction | 27 mars 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le quotidien économique français Les Echos s’est amusé à faire analyser le patrimoine des candidats à la présidence française par des gestionnaires de patrimoine. Le verdict : ils sont loin d’être des épargnants et investisseurs modèles!

Le dévoilement du patrimoine des candidats à la présidence française était attendu, mais sa lecture a laissé dubitatif certains gestionnaires de patrimoine, dont Stéphan Chenderoff, associé de Cyrus Conseil. Selon lui, malgré leur parcours brillant, les candidats et la candidate n’ont pas réussi à se constituer un patrimoine appréciable, dont ils pourraient vivre à la retraite. « Ils ne se sont pas projetés dans le temps, n’ont pas d’épargne-retraite, pas d’épargne de précaution », déplore-t-il.

Il est aussi sidéré par leur manque d’indépendance financière. À part peut-être Emmanuel Macron et François FillIon, tous deux propriétaires d’une société, ils ont tous besoin des revenus de leur carrière politique pour faire face à leurs besoins et ne sont pas des épargnants très actifs. « Nos politiques prennent des décisions pour l’épargne des Français alors qu’ils sont finalement eux-mêmes très peu concernés par les effets quotidiens de ces mesures sur leur patrimoine », ajoute-t-il.

QUELLE DIVERSIFICATION?

Son collègue chez Cyrus Conseil, Stéphane Absolu, constate pour sa part que l’essentiel du patrimoine des candidats est concentré dans les biens immobiliers, et que la diversification n’est pas leur fort. En guise d’exemple, environ 90 % du patrimoine de Jean-Luc Mélanchon, candidat du mouvement La France insoumise, réside dans l’immobilier.

Le conseiller déplore aussi le peu d’utilisation fait de la dette en période de bas taux d’intérêt. Quoique l’on peut imaginer l’impact qu’aurait sur la réputation d’un politicien un recours massif à l’endettement personnel, dans un contexte français et européen où le contrôle des finances publiques et de l’endettement national reste au cœur des débats…

Les candidats utilisent également peu les outils, notamment fiscaux, d’épargne-retraite, comme l’assurance vie ou le Plan d’épargne retraite populaire (qui est un peu l’équivalent de notre REER). Ces derniers comptent peut-être sur les régimes de pension de leurs mandats politiques pour les soutenir à la retraite, laisse entendre Stéphane Absolu.

QUI EST LE PLUS?…

Le diagnostic de Cyrus Conseil permet d’établir un petit palmarès des candidats :

Le plus diversifié : François Fillion. Le candidat de Les Républicains, au cœur d’une tempête au sujet d’emplois fictifs qu’il a fournis à sa femme et deux de ses enfants, serait le plus diversifié, même s’il a lui aussi une concentration importante dans l’immobilier.

Le plus simple : le candidat socialiste Benoît Hamon ne déclare qu’une résidence principale, une résidence secondaire et quelques comptes bancaires.

La plus opaque : la candidate du Front National, Marine Le Pen, a fait une déclaration assez peu détaillée, portant principalement sur des biens immobiliers directs ou en société civile immobilière (SCI). Elle est aussi l’une des plus endettées, en raison de prêts contractés en son nom personnel pour financer sa campagne présidentielle.

Le plus assuré : Emmanuel Macron, candidat de La France en marche!, est celui qui a le plus utilisé l’enveloppe assurance vie pour réaliser ses investissements. Il est aussi le seul candidat à ne pas déclarer de bien immobilier, mais le couple qu’il forme avec Brigitte Macron en possède bien un au Touquet, lequel est probablement au nom de sa femme. C’est aussi le candidat comptant sur le plus gros actif financier, à 266 000 euros.

Le plus concentré : Jean-Luc Mélanchon, sans nul doute. Sur un patrimoine net de 965 000 euros, 800 000 euros correspondent à un appartement acheté à Paris en 2014 (dans un quartier populaire, précise-t-il, en bon candidat de gauche…) et une autre tranche est immobilisée dans une maison de campagne près de Montargis. C’est aussi le plus âgé et le plus endetté des candidats, avec Marine Le Pen et Benoît Hamon. Il aurait 98 000 euros d’épargne, mais 165 000 euros de dettes.

Stéphane Absolu leur suggère à tous d’avoir recours aux services de professionnels du conseil financier, pour prendre des décisions plus avisées!

COURSE SERRÉE

Reste à savoir si ces révélations sur le patrimoine affecteront les intentions de vote des électeurs, ce qui semble peu probable. En date du 24 mars 2017, les plus récents sondages affichés sur BFMtv.com, qui les suit en temps réel, faisaient pointer Emmanuel Macron en tête à 25,8 %, talonné de près par Marine Le Pen à 24,8 %. Dans le peloton des poursuivants, on retrouve François Fillion (17,3 %), Jean-Luc Mélanchon (13,3 %) et Benoît Hamon (12,5%).

La rédaction