Les finances personnelles au temps du déconfinement

Par La rédaction | 1 juin 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Sergey Nivens / 123RF

À l’heure où l’activité économique redémarre lentement au Québec, la situation financière de plusieurs de vos clients est sans doute à revoir. Voici cinq aspects qui ont probablement changé au cours des trois derniers mois et dont vous devriez parler avec eux.

Premier point : la baisse, parfois importante, des revenus qu’ont subie de nombreux ménages au cours des trois derniers mois. Interrogé par La Presse, Éric Lebel, conseiller en redressement financier chez Raymond Chabot, n’est guère optimiste.

« Après la fin des prestations d’aide, on pense qu’il va y avoir une fragilité financière sans précédent. Pour ceux qui n’ont pas planifié, ça va faire encore plus mal. » La solution? « Il faut désormais faire le fameux budget dont on parle depuis des années », car l’après-pandémie aura d’importantes répercussions sur le mode de vie des consommateurs.

« Il va falloir changer notre façon de gérer notre argent, explique Éric Lebel. On ne pourra pas continuer comme auparavant. Il va falloir qu’on suive de plus près notre budget, qu’on l’adapte rapidement. On doit essayer de prendre des décisions en connaissance de cause, du mieux qu’on peut, celles qui font le moins mal possible. On coupe là où on est capable. Faire un budget, c’est comme se laver les mains en santé publique. C’est la base. »

ASSURANCE VIE ET ACTIONS

Sur la question de l’assurance vie, Denis Preston se veut rassurant. « On n’a pas besoin d’avoir plus de protection, qu’on meure de la COVID-19 ou qu’on meure d’une autre maladie. Ça n’entraîne pas plus de conséquences au décès », souligne le chargé de cours en finance à HEC Montréal, en entrevue avec La Presse.

Par contre, « c’est peut-être le bon moment, psychologiquement, de vérifier si on a suffisamment de protection », et aussi une bonne occasion de « mettre à jour son testament et son mandat de protection », ajoute-t-il.

Du côté des placements, en ces temps de volatilité, convient-il de stocker ses actions ou bien, au contraire, vaut-il mieux quitter le navire? « C’est toujours dans les périodes difficiles qu’on réalise le vrai profil d’investisseur d’un client », explique à La Presse David Paré, conseiller en placement et gestionnaire de portefeuille chez Desjardins Gestion de patrimoine.

Si le profil établi par le conseiller se révèle, à l’usage, peu adapté aux situations de crise, il devra être révisé. Mais il faudra le faire plus tard, car « ce n’est jamais le temps de vendre quand ça ne va pas bien », insiste le professionnel.

De même, un éventuel décalage en termes de tolérance au risque devrait amener le client à se demander si ses investissements sont de qualité ou plutôt des titres spéculatifs, ajoute-t-il. « Il y a une différence importante entre une baisse de marché et une perte permanente de capital » et c’est cette dernière qui peut être dangereuse, selon David Paré.

La question que le consommateur a intérêt à se poser est de savoir si les sociétés dans lesquelles il a investi, soit directement, soit à travers un fonds, seront encore là dans quelques années.

« Si la réponse est oui, la bonne chose à faire est de ne pas vendre et d’attendre que la tempête passe », recommande le conseiller. En revanche, pour un particulier qui aurait des liquidités à placer, la période actuelle est intéressante pour faire des achats « dans des titres de qualité, dans des entreprises qui ont subi les foudres des marchés et avec un potentiel de reprise intéressant ».

GARE AU SURENDETTEMENT

Autre question étudiée par La Presse, celle des reports de paiement, qui se sont multipliés depuis le mois de mars au Québec, au point de concerner aujourd’hui environ 650 000 ménages. Qu’il s’agisse de dettes hypothécaires, d’impôts fonciers, d’impôts fédéral et provincial ou de prêts automobiles, les consommateurs devront payer, met en garde Éric Lebel.

Dans ce contexte, le conseiller en redressement financier suggère de faire des choix budgétaires. Dans un premier scénario, il évalue la situation de quelqu’un qui aurait reporté tous ses paiements. Verdict : « Après la COVID-19, il n’y arrive plus. Il n’est pas capable de reprendre tout ça. »

Dans un second scénario, il aborde la situation d’un individu qui n’aurait cessé de payer que son prêt hypothécaire de 200 000 dollars, dont le report de six mensualités était remboursable sur 20 ans. Une meilleure solution, d’après lui : « Ça fait 37 dollars de plus par mois pour les 20 prochaines années. Ça, c’est un report intelligent. »

Son conseil? « Si tu fais un budget dans le contexte de la COVID-19 et que tu es capable de payer une bonne partie de tes dettes, paie-les, même si c’est difficile. Ne profite pas de tout ce qui existe pour pelleter en avant! »

Interrogée par La Presse, Natalie Hotte rappelle enfin que la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et son équivalent pour les étudiants « sont tous les deux imposables » et qu’« il n’y a jamais eu de retenue à la source ».

Selon les calculs de la conseillère principale, fiscalité, retraite et succession, à la Financière Banque Nationale, les contribuables qui touchent la PCU pendant quatre périodes de quatre semaines pourraient recevoir jusqu’à 8 000 dollars. Sur la base d’un taux marginal d’imposition de 30 %, leur dette fiscale pourrait donc atteindre 2 400 dollars, qu’il faut penser à mettre de côté, souligne-t-elle.

En plus de l’impôt à prévoir, plusieurs personnes pourraient avoir obtenu la PCU sans avoir rempli toutes les conditions… ce qui fera qu’elles devront rembourser le trop-perçu!

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