Les investisseurs délaissent les banques canadiennes

Par La rédaction | 7 mai 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Bien des analystes se demandent pourquoi les investisseurs boudent les grandes banques canadiennes. Quelques-uns essaient d’expliquer le phénomène dans un récent article du Financial Post.

En un an, la valeur en Bourse de TD a chuté de 1,6 %, celle de la Banque Nationale de 2,7 %, la Banque Scotia et BMO de 3,4 %, alors que la RBC et CIBC ont subi une dégelée respective de 5,5 et 9,1 %. L’indice plafonné du secteur financier a chuté de 5 % sur le TSX, comparativement à 4 % pour l’indice composé.

UNE VIGUEUR SOUS-ESTIMÉE

Une baisse généralisée qui reflète mal les résultats réels et plutôt bons des banques canadiennes, s’étonne Gabriel Dechaine, analyste à la Financière Banque Nationale. Leurs revenus ont connu une hausse de 4 % et le ratio cours/bénéfice a diminué de 10 %.

Comment expliquer que ces chiffres n’aient pas moussé leur popularité auprès des investisseurs? Selon Gabriel Dechaine, c’est que le prix des actions des banques reflèteraient moins la réalité que les sentiments du marché.

LE SPECTRE D’UNE CRISE HYPOTHÉCAIRE

Scott Chan, de Cannacord Genuity, pointe le déclin du marché immobilier dans certaines provinces canadiennes et la crainte d’un effondrement dans ce secteur. La remontée des taux d’intérêt et les nouveaux tests de résistance imposés aux emprunteurs hypothécaires alimentent cette crainte.

Des inquiétudes qui expliqueraient notamment la forte baisse de la valeur des actions de CIBC, la plus exposée aux hypothèques canadiennes. Non seulement la remontée des taux ralentit-elle les achats de propriété, mais elle risque de mettre en difficulté un certain nombre d’emprunteurs incapables de faire face à cette pression.

Pourtant, les analystes ont plutôt confiance en l’avenir de la CIBC et estiment que le prix actuel de ses actions devrait séduire les investisseurs. Les répercussions positives de la récente acquisition de PrivateBancorp aux États-Unis seraient notamment sous-estimées, alors qu’elle générerait beaucoup de croissance pour CIBC.

LE GAZON PLUS VERT AILLEURS

Peut-être que les investisseurs ne boudent pas les banques, mais se laissent plutôt tenter par d’autres secteurs jugés plus alléchants, fait remarquer John Aiken, de Barclays Capital. Récemment, plusieurs d’entre eux s’étaient réfugiés dans le secteur financier pour éviter les matériaux et l’énergie, mais la remontée du prix du pétrole pourrait avoir eu l’effet inverse.

« Il y a du capital qui est retiré des banques et investi ailleurs », confirme-t-il.

C’est peut-être même le Canada au complet que certains investisseurs délaissent à la faveur des États-Unis. Ces derniers ont déjà vécu leur correction du marché immobilier en 2008, ce qui en rassure certains.

Par ailleurs, la Fed remonte ses taux d’intérêt plus rapidement que la Banque du Canada, ce qui pourrait rendre les investissements en dollars américains plus attrayants.

Bien sûr, les incertitudes entourant l’ALENA n’aident pas, laissant pointer le spectre d’une récession canadienne si l’entente venait à être déchirée. Une issue favorable à cette négociation ou de bonnes nouvelles au sujet des marchés immobiliers pourraient redonner du lustre aux titres bancaires, croit Gabriel Dechaine.

Est-ce le bon moment pour profiter d’une sous-évaluation des actions de certaines banques?

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