Les investisseurs n’ont pas à craindre une hausse des taux, dit la CIBC

Par Ronald McKenzie | 30 mars 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La probabilité que la Banque du Canada augmente son taux en juillet ne devrait pas faire dérailler le rallye boursier, affirme Marchés mondiaux CIBC. En effet, l’histoire montre que les six mois précédant une première hausse des taux par la Banque du Canada tendent «à coïncider avec une très forte demande pour les actions, et le rendement de ces dernières reste supérieur à celui des obligations dans les mois qui suivent un tel premier resserrement», note la banque d’investissement.

Au cours des six mois précédant une hausse des taux par la Banque, les actions canadiennes ont historiquement fourni, en moyenne, un rendement annualisé de 22 % (dividendes plus gains en capital), tel que mesuré par l’indice du rendement global de l’indice composé TSX.

Et dans les six mois suivant un creux des taux d’intérêt, les actions canadiennes ont affiché un rendement annualisé de 8,3 %. Certes, c’est moins qu’au cours des périodes précédant une hausse, mais tout de même à 1 % près du rendement à plus long terme de la Bourse de Toronto.

Pour ce qui est des records : * Le meilleur rendement relevé a été de + 34 % au cours des six mois ayant précédé mai 1983, moment où la Banque du Canada a commencé à changer de cap après le double creux du début des années 1980. * Le pire rendement a été une chute de 4 % au cours du semestre ayant précédé août 2004. Le rendement n’a été sensiblement négatif que dans un seul autre cas.

«Les augmentations de taux tendent à être plus dommageables dans les stades avancés d’un cycle, quand la banque centrale accepte plus facilement de provoquer un décrochage ou même une récession pour combattre l’inflation. Nous sommes encore loin du point où la spirale des salaires et des prix, activée par la demande, inciterait la banque centrale à sérieusement compromettre la croissance. Les taux augmenteront, mais non pas à un rythme qui menacerait la croissance et qui instillerait la crainte chez les investisseurs en bourse», a précisé Avery Shenfeld, économiste chef à Marchés mondiaux CIBC.

Dans les six mois précédant un creux des taux, les banques, les métaux de base et le transport ont tendance à être les secteurs les plus performants. Leur rendement a été supérieur à celui de l’ensemble du marché 80 % du temps, ou au cours de quatre des cinq épisodes de resserrement que le Canada a connus pendant cette période.

Au cours des six mois suivant une hausse des taux d’intérêt, les secteurs du transport et des biens durables faisaient partie des meilleurs placements. «Ces secteurs ne réagissent pas aussi vivement que d’autres à l’augmentation du rendement des obligations, mais ils sont tout de même de grands bénéficiaires d’une reprise économique», indique la CIBC.

L’institution financière apprécie le fait que le bilan des sociétés canadiennes soit en bien meilleur état que dans le passé. Le ratio d’endettement des secteurs autres que celui de la finance s’établit à tout juste au-dessus de 50 %, soit à peine plus de la moitié de son niveau d’il y a 15 ans.

«Comme la vigueur du dollar et le resserrement fiscal font une partie du travail de la Banque et que celle-ci dispose de beaucoup de jeu pour contrer une aggravation de l’inflation, nous pensons que les taux à court terme, déjà plutôt bas, n’augmenteront que de 75 points de base d’ici la fin de l’année», prévoient Marchés mondiaux CIBC.

Les taux à long comme à court terme devraient rester bas «encore quelque temps» par rapport à leurs moyennes historiques. Pour les entreprises, il s’agit d’une bonne nouvelle concernant leurs flux de trésorerie. «Cette situation signifie aussi que les dividendes des actions resteront intéressants par rapport aux gains offerts par les produits à revenu fixe. Ces forces laissent croire qu’une hausse des taux peut bien causer des tracas, mais qu’il est improbable qu’elle jette les marchés boursiers au tapis», concluent Marchés mondiaux CIBC.

Ronald McKenzie