Les investisseurs pénalisent Manuvie

Par Ronald McKenzie | 4 mai 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’amélioration notable de la rentabilité de la Financière Manuvie au 1er trimestre n’a pas empêché les investisseurs de punir le titre en Bourse.

En clôture de séance jeudi à Toronto, l’action de Manuvie fléchissait de près 3 % à 12,98 $. Durant la journée, le recul a atteint 5 % avant de se résorber partiellement.

Pourtant, les nouvelles étaient bonnes. Le plus important assureur de personnes au pays avait divulgué un bénéfice net de 1,2 milliard de dollars, ou 0,62 $ par action. C’est 22 % de mieux que l’année précédente. Manuvie a même battu les prévisions des analystes qui anticipaient un bénéfice par action de 0,36 $.

L’amélioration de la rentabilité de Manuvie s’explique notamment par une augmentation de 35 % des souscriptions de produits d’assurance, y compris des niveaux records en Asie. Au Canada, les souscriptions de produits d’assurance ont été de 80 % plus élevées, en raison des souscriptions records du secteur de l’assurance collective.

Alors quoi? Apparemment, les investisseurs ont mal digéré un certain nombre d’éléments négatifs. Aux États-Unis, par exemple, les souscriptions de produits d’assurance ont diminué de 3 %, en dépit de la croissance continue des souscriptions de produits d’assurance vie. «La baisse des souscriptions du secteur Assurance soins de longue durée a reflété les majorations de prix des nouveaux contrats en 2011 qui visaient à réduire notre profil de risque», a expliqué Manuvie.

Par ailleurs, Manuvie a émis une mise en garde relative aux « risques macroéconomiques généraux ». L’entreprise prévoyait imputer en 2012 une charge liée au taux de réinvestissement ultime des titres à revenu fixe qui pourrait dépasser 437 millions de dollars. Or, à la suite d’une réévaluation, cette charge pourrait atteindre 800 millions de dollars, somme qui devrait être comptabilisée en modifiant le taux de réinvestissement ultime au 2e trimestre.

De plus, comme il est mentionné dans le rapport annuel de 2011, par suite de la récente crise financière, les organismes de réglementation du secteur financier dans de nombreux pays révisent leurs exigences actuarielles et comptables en matière de fonds propres. Or, les changements apportés « pourraient nuire considérablement aux états financiers consolidés et aux fonds propres réglementaires de la Société, à la fois au moment de la transition et par la suite ». Manuvie pourrait être tenue de mobiliser des fonds propres additionnels, ce qui aurait un « effet dilutif pour les actionnaires ».

Manuvie précise que l’Institut canadien des actuaires (ICA) a publié de nouveaux paramètres d’étalonnage des actions pour les rentes à capital variable et les fonds distincts assortis de garanties. De nouvelles normes d’étalonnage des actions seront appliquées lors du calcul des provisions techniques et des fonds propres requis. Selon l’estimation de Manuvie, la charge qui en découlera pourrait atteindre 300 millions de dollars.

Fait à noter, Manuvie a rapporté ses résultats du 1er trimestre selon les nouvelles normes comptables IFRS en vigueur au Canada. Aux États-Unis, où les normes sont différentes, Manuvie affiche une perte nette de 359 millions de dollars.

Ronald McKenzie