Les paradis fiscaux, responsables des politiques d’austérité

Par La rédaction | 21 octobre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’austérité, la faute aux paradis fiscaux?

C’est ce qu’affirme Alain Deneault, docteur en philosophie, enseignant en sciences politiques et auteur de plusieurs enquêtes sur les paradis fiscaux, invité à s’exprimer dans le cadre d’une conférence organisée par le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC).

M. Deneault y a présenté les paradis fiscaux et les législations de complaisance dans lesquels circulent des dizaines de milliards de dollars comme étant les responsables des mesures d’austérité « mesquines » qui sont imposées par plusieurs États dans le monde, dont le Québec, rapporte le MÉDAC.

Les politiques d’austérité évoquées par le philosophe comprennent la tarification de services publics au détriment des moins nantis et de la classe moyenne, par exemple les taxes santé, une dégradation des systèmes d’éducation publics, des soins de santé publics, des infrastructures de transport publiques, ainsi que des conditions de travail des employés de tous les secteurs. En effet, moins d’impôt payé veut dire moins de revenus pour l’État, et donc une capacité réduite de payer ces services.

DE FAUSSES FACTURES

« M. Deneault a par exemple expliqué un procédé de fausses factures qui serait utilisé par des multinationales morcelées pour prétendre aux agences de revenus devoir payer des factures de leurs filiales, par exemple aux Bermudes, ce qui leur permet de réduire leur revenu imposable, indique le MÉDAC. Ainsi, une multinationale pétrolière comme Total pourrait prétendre ne pas faire de revenus imposables. »

Les paradis fiscaux seraient aussi à l’origine de la diminution continue de l’imposition du capital par les États, en concurrence pour attirer les entreprises sur leur territoire, et ainsi conserver les impôts qui sont encore à leur portée.

Les solutions potentielles identifiées par Alain Deneault incluent l’éducation populaire et une volonté sincère (selon lui encore inexistante) des dirigeants d’utiliser les moyens constitutionnels à leur disposition pour être « souverain » sur le plan fiscal, rapporte le MÉDAC.

Cependant, il doute de la possibilité à court terme de la deuxième solution, puisqu’il considère la plupart des hauts dirigeants politiques comme étant des parties prenantes d’un système oligarchique qui se neutralisent elles-mêmes en votant des traités et des lois complaisants, qui exposent les États à des poursuites s’ils interviennent en défaveur des multinationales.

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