Les programmes gouvernementaux de retraite ­seront-ils au ­rendez-vous le temps venu?

Par Daniel Laverdière | 5 avril 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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RIKA NAKAMURA / 123RF

Plusieurs s’interrogent sur la viabilité des régimes publics de retraite. Vers la fin de 2016, les différentes évaluations actuarielles en date du 31 décembre 2015 ont été déposées. Très bonne nouvelle : les rendements réalisés ont largement dépassé les attentes des actuaires. Par exemple, pour le ­Régime de rentes du ­Québec (RRQ), le rendement annuel attendu pour 2013, 2014 et 2015 était de 5,8 %, mais en réalité il a atteint 12,8 %.

Pour visualiser la santé financière d’un régime, les actuaires illustrent le rapport entre la réserve à la fin d’une année et les sorties de fonds de l’année suivante (graphiques 1 et 2). Tant pour le ­Régime de pensions du ­Canada (RPC) que pour le ­RRQ, ce rapport avoisinait 2 au début des années 2000. La remontée par la suite s’explique en partie par la hausse des cotisations, qui atteignaient pour la première fois 9,9 % (cotisations employeur et employé combinées) en 2003. Les lignes noires indiquent les résultats réalisés.

L’année 2008 a été particulièrement douloureuse pour les régimes publics en raison de la crise financière, surtout pour le ­RRQ. Les prévisions datant de la fin de 2009 indiquaient d’ailleurs un épuisement des réserves du ­RRQ vers 2035 (ligne rouge pleine). Pour remédier à la situation, on a annoncé une hausse graduelle des cotisations, passant de 9,9 % à 10,8 % (ligne rouge pointillée). Le problème n’existait pas du côté du ­RPC.

Les évaluations de décembre 2012 sont venues confirmer les analyses de 2009. Toutefois, les derniers résultats montrent une appréciation majeure pour les deux régimes en raison de la performance des marchés financiers. Le rapport oscille autour de 7 pour le ­RPC et de 4 pour le ­RRQ.

Ces régimes étant financés par des cotisations, il n’y a aucun doute sur leur survie. Le but des analyses triennales est justement d’assurer un suivi rigoureux et d’apporter des correctifs rapidement.

Mais la donne est différente pour le programme de la ­Sécurité de la vieillesse (SV), qui inclut le ­Supplément de revenu garanti (SRG). Ces programmes n’ont aucune réserve et les fonds proviennent des impôts fédéraux. Leur coût en 2017 représente environ 2,50 % du ­PIB. Avec la hausse graduelle de l’âge d’admissibilité de 65 à 67 ans, ce coût devait monter jusqu’à 2,77 % du ­PIB vers 2031. Le plus récent rapport actuariel indique toutefois que l’augmentation atteindra environ 3,07 % du ­PIB, puisque le ministre des ­Finances a aboli la hausse de l’âge d’admissibilité.

Cette augmentation du coût de 0,30 % du ­PIB équivaut à une augmentation de coût de 11 % quand on parle de sorties de fonds. Comparativement au coût de 2017, qui est de 2,50 % du ­PIB, le coût attendu de 3,07 % en 2031 représente en fait une hausse de 23 %, soit (3,07 % – 2,50 %) / 2,50 %. En rehaussant l’âge de la retraite, le gouvernement ­Harper avait réduit de moitié l’augmentation anticipée.

Quand on exprime une dépense en pourcentage du ­PIB, c’est qu’elle est importante. En 2017, les dépenses pour le programme de la ­Sécurité de la vieillesse sont de l’ordre de 54 milliards de dollars. Une croissance immédiate de 23 % du coût du programme représenterait environ 12 milliards de dollars. On peut donc s’attendre à ce que les prestations de la ­Sécurité de la vieillesse soient modifiées pour réduire cette croissance trop importante. Changements à l’indexation des rentes, baisse du seuil de récupération, hausse du taux de récupération et considération du revenu familial sont probablement tous sur la planche à dessin du gouvernement ­Trudeau. À suivre !

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Daniel_Laverdiere_150Daniel ­Laverdière, B. Sc., A.S.A., ­Pl. Fin., est directeur principal – Centre d’expertise, ­Banque ­Nationale ­Gestion privée 1859.


• Ce texte est paru dans l’édition d’avril 2017 de Conseiller

Daniel Laverdière