Un ex-patron de Desjardins victime d’un vol d’identité

Par La rédaction | 19 juillet 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Siège social de la fédération des caisses Desjardins du Québec, situé à Lévis.
Photo : Jean-Philippe Bourgoin / Creative Commons

Claude Béland, qui a dirigé Desjardins de 1987 à l’an 2000, a reçu récemment des lettres de trois entreprises avec lesquelles il affirme ne pas faire affaire. Dans celles-ci, les sociétés réclament leur dû. Faisant partie des 2,9 millions de membres de la coopérative qui se sont fait dérober leurs données, il comprend que les deux éléments sont certainement liés et donne son avis sur la situation.

Lorsqu’il a reçu les lettres, Claude Béland a répondu aux entreprises qu’elles faisaient erreur et qu’elles n’avaient rien sur lui. Quelle n’est donc pas sa surprise lorsque celles-ci lui fournissent nombre de ses renseignements personnels, dont son numéro d’assurance sociale.

« Elles avaient toutes mes données », explique-t-il en entrevue à Radio-Canada.

Victime du vol de données de Desjardins, il comprend que les deux situations ne sont pas sans lien. Il a donc aussitôt alerté la coopérative, qui a contacté Equifax avant de le prévenir que son dossier ne serait traité que le mois prochain.

UN « PÉCHÉ DANS LA GESTION »

Claude Béland estime que Desjardins a bien réagi et gère adéquatement la crise mais il demeure toutefois perplexe. Il avoue ne pas comprendre comment une telle situation a pu se produire.

Selon lui, l’institution s’est mal acquittée de deux de ses principales responsabilités, à savoir :

  • veiller à l’intégrité de ses employés
  • protéger l’identité de ses clients

Il attribue notamment cela au changement de philosophie de la coopérative, qui tenterait, selon lui, d’attirer davantage de clients fortunés, devenant ainsi une cible privilégiée.

« C’est un péché dans la gestion », affirme-t-il.

UNE ÉTRANGE NOTE DE SERVICE

Parallèlement à ce vol, le Journal de Montréal a découvert une note de service envoyée aux employés de Desjardins concernant l’utilisation par le Mouvement des données personnelles de ses membres.

Le moment où cette note intitulée « Autour d’une dinde » a été envoyée, soit peu avant la fin de l’année 2018, correspond étrangement avec le déclenchement de l’enquête sur le vol de renseignements personnels des membres de Desjardins. Dans la note, la direction explique aux employés comment répondre aux questions de leurs proches concernant le traitement des données personnelles de la coopérative.

« Notre approche est pas mal différente de celle des géants du numérique. Ce qu’on veut, c’est que les données soient utilisées pour aider nos membres et clients, que ce soit à leur avantage à eux, et à personne d’autre! […] L’idée, c’est d’utiliser les données qu’on a pour leur simplifier la vie, par exemple en les reconnaissant plus rapidement quand ils nous appellent, ou encore en leur proposant des solutions mieux adaptées à leurs habitudes », peut-on lire dans celle-ci.

Selon Jean-Benoît Turcotti, porte-parole de Desjardins, le fait que l’envoi de cette lettre corresponde au début de l’enquête ne serait qu’une simple coïncidence. Le Mouvement émettrait ce genre de missive deux fois par année, avant les vacances d’été et avant Noël.

« On a constaté une traite [bancaire] frauduleuse. En décembre, on a déposé une plainte à la police, mais on ne pouvait pas faire de lien avec la situation que l’on connaît actuellement », conclut-il.

La rédaction