Malhonnêtes, les conseillers?

Par La rédaction | 20 avril 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les scandales financiers font régulièrement la une des médias, laissant l’impression que l’industrie est truffée de gens malhonnêtes. Qu’en est-il réellement? Trois chercheurs américains ont voulu régler la question en étudiant le travail des 650 000 conseillers qui oeuvrent aux États-Unis, gérant pas moins de 30 000 G$ d’actifs, rapporte Le Monde.

Mark Egan, de la Carlson School of Management de l’Université du Minnesota, ainsi que Gregor Matvos et Amit Seru, de la Booth School of Business de l’Université de Chicago, ont décidé de passer au crible 1,2 million de dossiers retraçant le parcours professionnel de 87 000 conseillers entre 2005 et 2015.

Intitulée The Market for Financial Adviser Misconduct, cette «première étude à grande échelle» a recensé toutes leurs fautes disciplinaires et leurs comportements délictueux avérés.

FLORIDE ET CALIFORNIE EN TÊTE DE LA FRAUDE

Résultat : les trois auteurs ont constaté une fraude ou un manquement aux règles en vigueur dans 12% des dossiers qu’ils ont épluchés, tandis qu’environ 7% de ces documents mentionnaient l’existence de sanctions.

Le montant de l’amende qui avait été infligée aux contrevenants s’élevait en moyenne à 40 000 $.

D’après l’étude, les types d’inconduite varient selon le profil des individus, mais dépendent aussi de la géographie et de la démographie. Ainsi, c’est en Floride et en Californie où le nombre de conseillers sanctionnés était le plus élevé.

DES CONSEILLERS RÉCIDIVISTES

Toujours selon l’enquête, la faute la plus fréquemment relevée concernait un différend avec un client et finissait généralement par faire l’objet d’un règlement à l’amiable. Ces disputes étaient le plus souvent dues à un conseil inapproprié de la part du professionnel, à de fausses promesses concernant un investissement ou encore à l’exercice illégal de l’activité de conseiller.

L’étude montre par ailleurs le caractère récurrent de certains comportements délictueux. Ainsi, plus du tiers des 7% de conseillers sanctionnés étaient des récidivistes. Elle révèle aussi qu’un individu qui commettait sa première faute avait une probabilité cinq fois plus élevée que la moyenne du secteur d’en commettre d’autres.

Autre résultat surprenant : plus de 50% des personnes sanctionnées faisaient toujours partie des effectifs de la société pour laquelle ils travaillent un an après la découverte de leur comportement délictueux, tandis que seuls 20% ont dû changer d’employeur. Au total, plus de 70% des conseillers ayant commis une faute continuaient à exercer dans le secteur.

LES ENTREPRISES VERTUEUSES… ET LES AUTRES

Logiquement, les entreprises qui ont recruté les individus pris la main dans le sac étaient également celles où les taux de fraude ou de mauvais comportement étaient les plus élevés. Les trois chercheurs ont ainsi établi un «palmarès» des firmes statistiquement les moins vertueuses.

À la première place figure Oppenheimer & Co (avec 19,6% de conseillers ayant eu des problèmes sur un effectif de 2 275 employés). Suivaient First Allied Securities (17,7% sur 1 112 employés) et Wells Fargo (15,3% sur 1  797 employés). UBS Financial Services arrivait en quatrième position avec un taux de 15,1%, «ce qui représente tout de même beaucoup de gens», souligne Le Monde, puisque ses effectifs s’élèvent à 12 175 personnes.

Du côté des entreprises les plus vertueuses, c’est la firme Morgan Stanley qui arrivait en tête du classement, avec seulement 0,79% de «moutons noirs» parmi ses 3 807 conseillers. Goldman Sachs, quant à elle, s’en sortait également bien avec une deuxième place et un taux de conseillers ayant été sanctionnés au moins une fois de 0,88% (sur un effectif de 7 380).

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