Michael Sabia est satisfait de son bilan

Par La rédaction | 2 Décembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Michael Sabia
Michael Sabia

Michael Sabia estime que la Caisse de dépôt et placement du Québec a su « retrouver la confiance » de la population durant son mandat, entamé en 2009, rapporte Le Devoir.

Une décennie après les graves pertes financières qui ont terni l’image de l’organisme qu’il dirige encore pour deux mois, son président sortant a profité d’un discours prononcé jeudi devant les membres du Cercle canadien de Montréal pour dresser un bilan de son action et, plus largement, évoquer les grands défis auxquels sont confrontés les gestionnaires de régimes de retraite partout dans le monde.

« J’espère que nous avons restauré la confiance des Québécois dans leur caisse de retraite, […] qui fait partie du tissu social [de la province] », a notamment déclaré Michael Sabia, qui a annoncé à la mi-novembre qu’il quitterait son poste en février.

Interrogé sur les raisons qui ont motivé son départ un an avant la fin de son mandat, le dirigeant s’est fait rassurant : « Je pense que les choses vont bien. Chaque fois qu’un PDG commence à percevoir un sentiment de mission accomplie, c’est le moment de partir ».

DES RENDEMENTS SOLIDES

Michael Sabia s’est dit globalement satisfait de son travail. « Honnêtement, [il n’y a] pas beaucoup de choses [que je referais différemment]. […] Je suis bien content des progrès que nous avons faits depuis près de 11 ans. »

Dans son allocution, le dirigeant a par ailleurs abordé la question des changements climatiques et de leurs répercussions pour le secteur financier. « Le monde a besoin d’investisseurs qui pensent au-delà de la prochaine journée, du prochain mois ou du prochain trimestre. Les investisseurs commencent à comprendre quelque chose d’essentiel : que les rendements des prochaines années et décennies seront solides seulement si les économies où nous investissons sont solides […] et si notre planète est en santé. »

Nombre d’observateurs inscrivent à son actif les retombées positives de ses investissements accrus à l’étranger, ainsi qu’une diversification géographique destinée à réduire les risques, note Le Devoir. Toutefois, certains dossiers « locaux », comme la vente de Rona au géant américain Lowe’s, ont aussi été l’occasion pour d’autres analystes de remettre en question la stratégie de l’institution. Selon eux, elle devrait en priorité concentrer son action sur la défense des intérêts du Québec.

La Caisse a fait l’objet d’une série de polémiques au cours des 15 derniers mois. Elle a par exemple été montrée du doigt durant l’automne 2018, à l’occasion des élections provinciales. Les candidats des quatre principaux partis en lice ont sévèrement critiqué sa décision d’avoir placé une partie de ses fonds (environ 27 milliards de dollars) dans des compagnies pratiquant l’évasion fiscale à plus ou moins grande échelle.

INVESTISSEMENTS NON ÉTHIQUES

Cette année, il lui a également été reproché d’avoir investi plus de 100 M$ dans une entreprise de technologie qui serait mêlée au plus grand scandale de fuite de données de l’histoire américaine. La firme en question, Palantir, avait mis sur pied des logiciels de surveillance pour le compte du FBI et de la National Security Agency. Ces outils auraient notamment permis à la firme Cambridge Analytica d’analyser les profils Facebook de plusieurs millions d’Américains en vue de faciliter l’ascension de Donald Trump à la Maison-Blanche. De plus, ils auraient servi à cibler les proches d’enfants migrants non accompagnés appréhendés aux frontières en 2017.

Autant d’actes qui pourraient entrer en contradiction avec la mission affichée de l’institution québécoise, estime Donald Riendeau, directeur général de l’Institut de la confiance dans les organisations. « On devrait vérifier l’éthique des partenaires de tous les grands investissements de la Caisse et avoir des règles claires », soutenait-il récemment, blâmant au passage la quête de rendements toujours plus élevés qui inciterait la Caisse à investir dans des sociétés « plus risquées ».

Enfin, l’été dernier, le Journal de Montréal a révélé que le géant québécois avait investi quelque 277 M$ dans des entreprises chinoises mêlées à de graves violations des droits de la personne, spécialement à l’encontre de la population ouïghoure.

La rédaction