Négociation à haute vitesse : les marchés ne sont pas truqués

Par La rédaction | 2 août 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Contrairement à la croyance populaire, la négociation à haute vitesse ne se fait pas nécessairement aux dépens du public investisseur, soutiennent deux chercheurs de l’Université Berkeley, en Californie.

Plusieurs critiques de la négociation à haute vitesse estiment que l’utilisation d’algorithmes qui placent un très grand nombre d’ordres dans des délais relevant de la milliseconde est une procédure qui truque les marchés.

L’arbitrage entre les cours acheteur-vendeur fait sur de forts volumes en un temps record empêcherait les investisseurs normaux de bénéficier du meilleur prix pour un titre donné.

On reproche également au courtage à haute vitesse (CHV) de prendre avantage des délais dans la publication des cours boursiers pour faire un profit sur le dos des investisseurs plus lents.

Ces techniques ont été dénoncées dans Flash Boys, un best-seller américain issu de la plume d’un avocat en valeurs mobilières. Aucune preuve n’existe que c’est vraiment le cas, rétorquent Robert Bartlett et Justin McCrary dans leur article How Rigged Are Stock Markets? Evidence from Microsecond Timestamps, publié dans UC Berkeley Public Law Research Paper.

À la suite d’une analyse de près d’une année de cours quotidiens de 30 titres américains, les universitaires concluent que dans 97 % des cas les cours publiés à des fractions de seconde d’intervalle sont similaires.

Robert Bartlett et Justin McCrary contestent ainsi l’idée selon laquelle les CHV privent le marché traditionnel du meilleur prix, et que leur rapidité se fait au détriment du public investisseur.

LES RÉGULATEURS AUX AGUETS

Les autorités réglementaires nord-américaines avaient cette stratégie de négociation à l’œil depuis plusieurs années. On la soupçonnait d’être responsable du krach éclair de mai 2010, pendant lequel le Dow Jones avait chuté de près de 1 000 points en quelques minutes. On avait alors soupçonné les transactions automatisées d’avoir considérablement empiré la situation.

La bourse électronique canadienne Aequitas, visant à concurrencer le TMX, a justement pour modèle d’affaires de mettre la négociation à haute vitesse au pas. Aequitas reproche aux parquets actuels de laisser croître cette stratégie « prédatrice », nuisant ainsi aux intervenants traditionnels sur les marchés.

Dans une étude rendue publique en décembre dernier, l’OCRCVM statuait que « la majorité des ordres passifs saisis par les négociateurs à haute vitesse améliorent le meilleur cours ou correspondent au meilleur cours en vigueur », l’autorégulateur ajoutant n’avoir trouvé « presque aucune preuve que les négociateurs à haute vitesse tirent profit de la présence de négociateurs ordinaires plus lents ».

Robert Bartlett et Justin McCrary on constaté que seulement 3 % des transactions s’effectuent à partir de cours différents, une différence causée par le CHV. De celles-ci, à peine une sur dix se conclut par un désavantage pour le public.

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