Notre sort dépend-il de la Chine ? (en français)

Par Luc de la Durantaye | 18 octobre 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Soleil se levant sur la Grande Muraille de Chine.
Photo : feiyuwzhangjie / 123RF

Les récents développements politiques et économiques de l’empire du Milieu pourraient avoir des répercussions sur les portefeuilles des investisseurs canadiens, selon Luc de la Durantaye, chef des placements pour Gestion d’actifs CIBC.

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« Pour mieux comprendre l’influence de la Chine dans les cinq prochaines années, on peut observer le cas [du géant immobilier] Evergrande. Depuis les 10 à 15 dernières années, la Chine suivait le modèle économique de la croissance à tout prix, avec un accent sur la maximisation en taille sans nécessairement se soucier de la profitabilité. Cela a créé une croissance très forte de l’économie, mais aussi de l’endettement », analyse Luc de la Durantaye.

« Les récents déboires d’Evergrande ont poussé le pouvoir à prendre un véritable tournant géopolitique, et à prioriser la qualité de la croissance plutôt que la force de la croissance. Le gouvernement veut réduire les taux d’endettement, et cela va affaiblir la croissance économique, mais d’un autre côté celle-ci sera plus durable, car elle créera moins d’endettement », poursuit l’expert.

Du point de vue d’un investisseur canadien, il est important de noter que le gouvernement chinois contrôle l’économie de façon beaucoup plus serrée que les démocraties occidentales, et qu’il a donc beaucoup d’outils à sa portée pour diriger l’économie.

« L’impact de cette décision stratégique de Pékin est calculé. Certains ont comparé les problèmes d’Evergrande à ceux de Lehman Brothers pendant la crise financière de 2008-2009. Nous ne partageons pas cette opinion. Il ne faut pas oublier que le système bancaire chinois est contrôlé par le gouvernement et les liens financiers entre les banques chinoises et le reste du monde sont beaucoup moins grands que ceux des institutions financières américaines pendant la crise financière », tempère Luc de la Durantaye.

Une autre importante direction prise par la Chine est la réduction de sa dépendance au marché extérieur pour certains types d’importations stratégiques.

« La Chine dépense environ 30 milliards de dollars américains (G$ US) par mois pour importer des semi-conducteurs, soit davantage encore que du pétrole. Le gouvernement a donc mis en œuvre une réforme réglementaire qui encourage Alibaba et autres entreprises technologiques à développer la production nationale de semi-conducteurs. Ensuite, la Chine importe 10 millions de barils de pétrole par jour, et dépense près de 300 G$ US par an en pétrole, gaz naturel et charbon confondus. Ces importations arrivent en majeure partie par la mer. Or, les Américains et leurs alliés pourraient établir un embargo si les relations se détérioraient, et la Chine se ferait couper son approvisionnement en énergie. Le tournant vert que la Chine veut prendre est donc stratégiquement important pour elle », explique Luc de la Durantaye.

Dans ce contexte, selon lui, il peut être intéressant de surpondérer les sources d’énergie renouvelable.

« Si vous êtes l’Arabie saoudite, ou même le Canada, et que vous entendez votre plus gros client dire qu’il consommer moins de l’énergie que vous produisez, vous n’allez pas investir dans l’accroissement de la production. Si vous entendez la majorité des pays dire qu’ils veulent réduire leurs émissions de carbone, vous allez réduire votre capacité de production à terme. Cela fait que l’on va rester dans un environnement où l’on va avoir des problèmes d’approvisionnement avec des prix plus élevés que dans les 10 à 15 dernières années. Donc il faut en prendre compte dans les portefeuilles, en s’exposant davantage dans l’énergie renouvelable. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Luc de la Durantaye

Luc de la Durantaye, Gestion d’actifs CIBC inc. Entré au service de Gestion d’actifs CIBC inc. en décembre 2002, Luc de la Durantaye est chef de l’équipe Répartition globale de l’actif œuvrant à l’intérieur de la plateforme Gestion de placements de la société.