Obligation ou certificat de placement garanti?

Par Denis Preston | 2 mars 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
3 minutes de lecture
Sergey Nivens / 123RF

Nul ne connaît l’avenir. Nous ne pouvons qu’évaluer des scénarios. Heureusement, pour l’évolution des taux d’intérêt, seulement trois possibilités existent : ils demeurent les mêmes, ils baissent ou ils montent!

Le tableau 1 illustre l’évolution du prix[1] d’une obligation émise le 31 décembre 2016 et qui vient à échéance le 31 décembre 2026 selon différents scénarios de taux d’intérêt. Le taux de son coupon annuel[2] est de 2 %. Si le taux d’intérêt courant du marché est identique au taux du coupon, alors le prix de l’obligation est égal à sa valeur nominale.

archives_tableau_mars_2017_plfin_1_650x450

Par contre, si les taux d’intérêt augmentent, le prix de l’obligation baisse. Et si les taux baissent, le prix de l’obligation baisse aussi. La variation du prix est fonction du temps restant avant l’échéance de l’obligation, car à l’échéance (à moins de défaut de l’émetteur) le prix égale la valeur nominale de l’obligation.

Pour simplifier l’illustration, l’hypothèse retenue est que les taux changent immédiatement après l’achat et demeurent constants par la suite. Mais dans tous les scénarios, l’investissement de départ est de 100 $.

Cependant, le tableau 1 ne permet pas d’illustrer la situation d’une personne qui réinvestit les coupons selon les taux d’intérêt du marché, ce que fait le tableau 2. Nous pouvons y constater qu’à court et moyen termes une baisse de taux semble avantageuse pour le détenteur de l’obligation, car le prix de ­celle-ci augmente. Mais au fur et à mesure que l’échéance de l’obligation approche, le prix baisse (tableau 1) et les coupons sont réinvestis à un taux moindre.

archives_tableau_mars_2017_plfin_2_650x430

À l’inverse, dans le scénario d’une hausse de taux, à court terme le prix a baissé, mais au fur et à mesure que l’échéance de l’obligation approche, le prix augmente et les coupons sont réinvestis à un taux plus élevé. À l’échéance, le scénario gagnant est celui d’une hausse de taux. Puisque la durée (à ne pas confondre avec l’échéance, la durée tient compte des coupons qui sont versés avant l’échéance) de cette obligation est de 9,2 ans, les trois scénarios sont identiques dans environ 9,2 ans. Le scénario de baisse est avantagé avant 2026 et le scénario de hausse, après 2026.

En date du 8 décembre 2016 :

■ ­Le rendement moyen à l’échéance (si les taux ne bougent pas) de l’indice obligataire canadien ­FTSE ­TMX univers était de 2,1 % et sa durée de 7,32 ans. Autrement dit, si les taux demeurent constants, le rendement espéré est de 2,1 % (avant frais) et le scénario hausse de taux est gagnant après 7,3 ans. Si les frais sont de 1 %, alors le rendement espéré est de 1,1 %.

■ ­Le taux d’intérêt des certificats de placement garanti (CPG) d’un an était d’environ 1,2 % et ceux de cinq ans, 1,75 %.

Dans un tel contexte, voici les gagnants selon les différents scénarios :

■ ­Si les taux d’intérêt demeurent constants, les ­CPG sont gagnants, avec des rendements espérés plus élevés, mais avec une faible liquidité.

■ ­Si les taux baissent, les fonds d’obligations sont gagnants à court et moyen termes, mais perdants à long terme (selon la durée du portefeuille du fonds).

■ ­Si les taux montent, les ­CPG sont nettement gagnants, car leurs prix ne baissent pas. Leur défaut de ne pas être négociables devient alors un avantage. Ainsi, dans un contexte de faibles taux d’intérêt et si vous pensez que les taux d’intérêt ne peuvent pas beaucoup baisser, les ­CPG représentent un meilleur rapport ­risque-rendement que les fonds d’obligations pour beaucoup de vos clients.

Denis Preston

Denis Preston

Denis ­Preston, ­CPA, ­CGA, ­FRM, ­Pl. Fin., est formateur et consultant.

[1] Vous pouvez obtenir ces données avec la formule « prix.titre » dans Excel. [2] Généralement, les obligations ont deux coupons par année et la moitié des intérêts est versée chaque semestre. Mais pour simplifier les illustrations, les calculs ont été faits avec un coupon par an.


• Ce texte est paru dans l’édition de mars 2017 de Conseiller

Denis Preston