Planète finance – Quand on se compare, on se console (parfois)

Par Rémi Maillard | 11 avril 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Claudia Mora / 123RF

Monde : 67 % des employés dans les services financiers s’ennuient !

Après avoir interrogé l’an dernier quelque 1 300 professionnels d’une quinzaine de secteurs d’activité à travers le monde, le site britannique d’analyse comparative des salaires ­Emolument.com nous apprend que les employés du milieu des services financiers arrivent en sixième position au palmarès mondial de l’ennui au travail.

Ce résultat est certes moins inquiétant que celui enregistré chez les personnes qui occupent des emplois juridiques (81% s’ennuient), font de la gestion de projet (78 %) ou exercent des fonctions de soutien (71 %), mais il est moins bon que ceux observés parmi les travailleurs de l’éducation (50 %) ou en recherche et développement (45 %).

France : le secteur financier étouffe sous la réglementation

C’est en tout cas ce que conclut une récente étude du cabinet de conseil parisien ­TNP, selon laquelle la lourdeur des textes et les difficultés d’application des innombrables règlements en vigueur suscitent la critique d’une majorité de banquiers et d’assureurs.

Réalisée auprès de 80 établissements financiers dans l’Hexagone, l’enquête soutient que « le mouvement de régulation du secteur financier […] doit trouver son point d’équilibre, car on assiste à une sorte d’emballement et de ­surrégulation depuis trois ans ». Et ses auteurs affirment qu’« on ne voit plus de limites à cette évolution normative », tandis que « le secteur de l’assurance, qui semblait ­jusque-là épargné, ne l’est plus ».

Pour preuve de cette inflation réglementaire, le cabinet de conseil assure que « les régulateurs doutent ­eux-mêmes des résultats de leurs propositions » et que « les textes ont de plus en plus de difficultés à recueillir un consensus politique du fait de ce doute sur leur efficacité ».

D’après les professionnels interrogés, l’unique point positif de cette ­surréglementation concerne la réduction des risques dans les domaines de la liquidité et du risque de crédit et de solvabilité pour les assureurs.

Canada : trop d’employés n’ont pas accès à des conseils financiers

Plus de la moitié des employeurs canadiens offrent des conseils financiers professionnels à leurs salariés dans le cadre de leur régime de retraite et d’épargne collectif, selon un sondage publié en février par la ­Great-West. Mené l’an dernier auprès de 333 entreprises proposant un régime à cotisation déterminée ou un régime enregistré d’­épargne-retraite collectif, ­celui-ci indique que 57 % des premières et 61 % des secondes fournissent ce service.

L’étude montre qu’un écart subsiste néanmoins entre les ­PME et les compagnies de plus grande taille, puisque 63 % des sociétés de moins de 500 employés offrent des conseils, contre seulement 52 % de celles qui en comptent davantage. Le sondage révèle par ailleurs que les ménages canadiens qui font appel à un conseiller disposent en moyenne d’un actif quatre fois plus élevé que ceux qui ne le font pas.

En 2016, ­Conseiller notait que dans les régimes à cotisation déterminée, les décisions d’investissement et de décaissement « reposent entièrement sur les épaules des participants » alors que « ­ceux-ci manquent cruellement de conseils financiers pour faire les bons choix »1.

France c. ­États-Unis : quelle place pour les robots dans la gestion de patrimoine ?

Alors que le site web français ­Café de la ­Bourse se demande si les ­robots-conseillers représentent « un progrès global » ou s’il faut au contraire « craindre une déshumanisation de la gestion de patrimoine », il relève que moins d’une dizaine de plateformes proposent aujourd’hui à leurs clients de la République l’«expertise» d’un conseiller en gestion de patrimoine automatisé.

Représentant environ 100 millions d’euros (140 M $) d’actif sous gestion au printemps 2016, les ­robots-conseillers tricolores « peinent à attirer des clients par manque de visibilité », note d’ailleurs une étude publiée l’an dernier par le cabinet ­Chappuis ­Halder. C’est bien peu comparativement au marché ­nord-américain, où la gestion robotisée représente déjà plus de 150 milliards de dollars d’encours.

À l’échelle mondiale, une enquête réalisée l’an dernier auprès des membres du ­CFA ­Institute, l’association internationale des professionnels de l’investissement, révèle que 70 % d’entre eux estiment que les robots s’avéreront profitables pour les investisseurs aisés : réduction des coûts, meilleur accès aux services de conseil et plus grand choix de produits.

1 Retraite collective : le conseil financier, ce grand absent, juin 2016 > bit.ly/2mAhDWZ


• Ce texte est paru dans l’édition d’avril 2017 de Conseiller.

Rémi Maillard

Journaliste multimédia. Santé, environnement, société, finances personnelles. Également intéressé par les affaires publiques, les relations internationales, la culture… Passionné de cyclisme.