Prédire l’avenir économique… grâce aux journaux

Par Rémi Maillard | 15 mars 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’analyse du contenu de centaines de milliers d’articles de presse permettrait de réduire sensiblement les erreurs de prévisions de croissance économique par rapport aux méthodes traditionnelles utilisées par les analystes, rapporte l’Agence France-Presse.

Aux États-Unis, des équipes de chercheurs ont ainsi entrepris de décortiquer le contenu de plusieurs journaux et magazines au cours des trois dernières décennies afin de repérer des mots-clés exprimant le pessimisme, l’inquiétude ou l’optimisme dans la société américaine. Leur but? Disposer d’un outil plus fiable que les indicateurs existants pour mesurer le moral des ménages et des milieux d’affaires.

Le projet le plus avancé (en anglais) émane du bureau de San Francisco de la Réserve fédérale américaine. À l’aide de techniques d’apprentissage par les machines, celui-ci a recensé les articles de 16 grands journaux américains publiés au cours des 30 dernières années en vue d’élaborer un indicateur utilisable tant par les experts que par les dirigeants économiques.

PRÉVOIR L’ÉVOLUTION DE TENDANCES MAJEURES

Selon les créateurs de ce nouvel instrument, Adam Shapiro, Daniel Wilson et Moritz Sudhof, cités par l’AFP, « il existe des signes que la mesure de la confiance des consommateurs basée sur des articles possède un important potentiel de prévision ». L’outil qu’ils ont mis au point permettrait ainsi de prévoir un an à l’avance l’évolution de tendances économiques majeures, comme la consommation des ménages, le taux de chômage, l’inflation ou même l’évolution de la Bourse de New York.

Leur système est notamment basé sur la fréquence d’apparition d’un mois à l’autre de mots tels que « inquiets », « préoccupés », « satisfaits » ou « confiants » dans les articles sélectionnés.

Et si l’on en croit les trois chercheurs, le résultat de l’expérience est prometteur : « Nous avons été nous-mêmes surpris par notre succès. En développant le projet, nous ne savions pas comment ça allait marcher et nous avons découvert qu’il y avait là un vrai potentiel de prédiction », a indiqué à l’AFP Adam Shapiro.

20 % D’ERREURS DE PRÉVISION EN MOINS

L’agence relève qu’une autre étude publiée l’an dernier concluait elle aussi que l’analyse d’articles de presse aux États-Unis et dans d’autres pays contribuerait à améliorer la fiabilité des estimations des analystes, en particulier durant les périodes de marasme économique. Son auteur, Samuel Fraiberger, chercheur dans les universités de Harvard, Northeastern et New York, estimait même que la collecte de données d’articles de presse permettrait de réduire de près de 20 %, en moyenne, les erreurs de prévisions de croissance économique, comparativement aux méthodes conventionnelles.

La raison? Cette approche intègre « des informations qui ne sont pas prises en compte par les prévisionnistes professionnels », explique Samuel Fraiberger. Selon lui, son efficacité est particulièrement notable en période de crise, durant lesquelles les analystes officiels auraient tendance à « minorer l’impact des mauvaises nouvelles », un biais dont ne souffriraient pas les journalistes.

Rémi Maillard

Journaliste multimédia. Santé, environnement, société, finances personnelles. Également intéressé par les affaires publiques, les relations internationales, la culture… Passionné de cyclisme.