Prudence redoublée pour la Fed

12 mars 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Conseiller marchant sur un fil tendu.
Photo : Aleksandr Khakimullin / 123RF

Les risques ne justifieraient pas une nouvelle hausse des taux de la banque centrale américaine, selon Robert Abad, spécialiste de produit à Western Asset Management, en Californie.

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Après avoir laissé croire à des hausses de taux continues durant l’hiver, la Fed s’était finalement retenue lors de sa dernière réunion en janvier, votant pour maintenir le taux cible des fonds fédéraux entre 2,25 et 2,5 %. Sa prochaine réunion, qui aura lieu les 19 et 20 mars, devrait arriver à la même conclusion selon l’expert.

« La Fed a créé beaucoup de confusion avec ses communications en octobre dernier, quand son patron Jerome Powell a fait certains commentaires sur la croissance économique américaine [à l’effet que les taux à court terme étaient « encore loin d’être neutres »]. Cela a provoqué dans les marchés une grande volatilité qui n’était pas nécessaire et a pénalisé injustement les portefeuilles des investisseurs », dit Robert Abad.

Mais la banque centrale américaine a appris de son erreur, croit-il.

« La bonne nouvelle, c’est que la Fed a finalement reconnu que les données du marché automobile, de l’immobilier et de l’industrie manufacturière nécessitaient de la patience. Elle a aussi reconnu l’importance de garder à l’esprit, lors de ses prochaines délibérations, les événements mondiaux comme le Brexit ou les négociations commerciales avec la Chine. Si celle-ci ralentit plus vite que prévu, ou si le Brexit a des conséquences fâcheuses, ou si un risque inattendu bouleverse les marchés mondiaux, cela aurait des répercussions sur l’activité des entreprises et la confiance des consommateurs aux États-Unis », dit Robert Abad.

« C’est une bonne chose de voir la Fed s’éloigner de la route prédéterminée qu’elle s’était fixée en faveur de hausses de taux audacieuses, et reconnaître finalement l’importance d’être prudente. Tout cela nous pousse à croire que la Fed va conserver sa position à l’issue de sa réunion du mois de mars », poursuit-il.

Tout au plus, une unique hausse de taux pourrait survenir au courant de 2019, croit l’expert.

« Nous ne voyons aucun signe d’accélération de la croissance ou de l’inflation. Les données actuelles dépeignent l’économie américaine comme une économie qui se déplace latéralement au mieux, avec une croissance de 2 à 2,25 %. Ce n’est pas assez solide pour justifier de nouvelles hausses de taux. Cela ne signifie pas non plus qu’ils devraient être réduits; nous croyons que les rumeurs de risque inflationniste aux États-Unis sont exagérées », dit Robert Abad.

Dans les deux cas, que la Fed laisse les taux inchangés ou les augmente une fois durant l’année, cela aura peu d’incidence sur les marchés selon lui.

« Il faudrait vraiment voir des signes de reprise économique ou d’inflation soutenue, tant du côté de l’indice des prix à la consommation que des dépenses de consommation personnelles, qui sont les indicateurs favorisés par la Fed. Dans une telle situation, les marchés réagiraient négativement à toute proposition de hausse des taux. L’accélération de la croissance économique américaine n’est pas une mauvaise chose pour la croissance ou pour les entreprises au niveau mondial, et ce serait un phénomène positif d’un point de vue fondamental. C’est vraiment l’idée de voir les hausses de taux se poursuivre qui est risquée pour les marchés. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.