Quand le monde de la finance dérape…

Par La rédaction | 29 janvier 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Groupe d’hommes beuglant autour d’une hôtesse en lui tripotant les fesses, avances sexuelles, commentaires vulgaires : une journaliste du Financial Times a récemment levé le voile sur le comportement déplacé d’invités, tous masculins, du fameux souper du President’s Club Charitable Trust au Royaume-Uni…

Ce souper-bénéfice rassemble 360 invités, tous masculins, issus des hautes sphères du monde des affaires, de la finance et de la politique. Objectif : amasser des fonds pour des organismes de charités venant en aide aux enfants.

La journaliste du Financial Times, Madison Marriage, s’est infiltrée dans l’événement en se faisant embaucher parmi les 130 hôtesses engagées pour servir ces messieurs. Elle n’a pas mis longtemps à comprendre dans quoi elle s’embarquait.

DES INVITÉS QUI DÉRAPENT

Déjà, l’offre d’emploi précisait que seules les femmes grandes, minces et jolies seraient embauchées. Quant à l’habillement, les organisateurs n’ont pas fait secret de leurs préférences : les femmes devaient porter des chaussures noires et sexy, des sous-vêtements noirs et une jupe noire courte et serrée, avec un large ceinture noire « semblable à un corset »…

Assez rapidement, la journaliste a pu être témoin de comportements déplacés de la part des hommes. Certains d’entre eux tenaient la main des hôtesses, avant de les attirer pour qu’elles s’assoient sur eux. Sur la scène, des danseuses burlesques aux seins simplement recouverts de collants en forme d’étoiles s’efforçaient de distraire les invités.

Mais le spectacle était plutôt dans la salle. Un homme dans la soixantaine avancée n’hésite pas à demander à une jeune hôtesse de 19 ans si elle est une prostituée. Ce qu’elle nie. Une autre rapporte un groupe d’hommes beuglant autour d’elle et lui tripotant les fesses, l’estomac et les jambes ou essayant de l’embrasser.

Les hôtesses sont en effet nombreuses à avoir rapporté que plusieurs hommes ont glissé une main sous leur jupe, l’un d’eux préférant exposer ses propres parties intimes à une hôtesse. Un autre a pris une hôtesse par la taille en lui disant « je veux que tu vides ce verre, que tu enlèves ta culotte et que tu danses sur la table ».

La journaliste elle-même a admis s’être fait faire des avances sexuelles, avoir été tripotée et avoir été l’objet de commentaires très vulgaires.

DES HÔTESSES SURVEILLÉES DE PRÈS

Payées environ 260 dollars pour leurs services, les hôtesses étaient des étudiantes, actrices, danseuses ou modèles, âgées entre 19 et 23 ans. Celles qui se décourageaient étaient poussées par une équipe à retourner interagir avec les invités. Les organisateurs surveillaient même la durée des pauses aux toilettes, pour éviter que des hôtesses n’aillent s’y réfugier trop longtemps.

Inutile de dire que ces révélations ont fait scandale. Certains se sont désolés de voir 300 des plus riches et puissants Britanniques se comporter d’une telle manière, comme le député libéral-démocrate Jo Swinson. D’autres, comme la députée conservatrice Anna Soubry, se sont demandé ce qu’en pensaient les organismes de charité, dont le nom a été sali par cette histoire.

Le President’s Club a rappelé qu’il avait amassé plusieurs millions de livres pour les enfants défavorisés à cet événement, tout en se disant consterné des allégations et en condamnant les comportement décrits dans l’article.

DU CÔTÉ DE LA GESTION DE PATRIMOINE

Un autre exemple, comme s’il en fallait davantage, de la prévalence du harcèlement, voire des agressions sexuelles, dans tous les milieux de nos sociétés. Les récentes révélations qui ont éclaboussé l’industrie du divertissement ont par ailleurs soulevé une question chez Chelsea Emery, de financial-planning.com : pourquoi n’entendons-nous pas davantage de révélations du même genre dans l’industrie de la gestion du patrimoine?

Ceux à qui elle a posé la question soutiennent que des nombreux cas de harcèlement sexuel qui ont défrayé les manchettes dans les années 1990 ont rendu les firmes plus attentives à ces situations. Malheureusement, des cas continuent de se produire. Tout récemment, un directeur de Bank of America, Omeed Malik, a été renvoyé suivant des plaintes d’employées concernant des avances non sollicitées.

COMMENT ÉVITER LES DÉRAPAGES?

La question est donc : comment faire pour s’assurer que les femmes et les hommes soient traitées avec respect dans leur milieu de travail? Certains posent des gestes bien concrets pour y arriver.

Abigail Johnson, PDG de Fidelity, a déplacé son bureau sur le même étage où travaillent ses principaux gestionnaires de portefeuilles, analystes et traders, après que deux gestionnaires de fonds eurent quitté dans la foulée d’allégations d’inconduites sexuelles. Désormais, la patronne a tout le monde à l’œil!

Edward Jones cherche à augmenter la proportion de conseillères dans la firme à 50 %. Elle se situe présentement à 19 %. La firme fait le pari que la parité viendra gommer le déséquilibre des forces qui permet à certains directeurs de s’en tirer malgré des inconduites sexuelles.

Du côté d’Advisor Groupe, le PDG Jamie Price soutient que la firme explore les façons de partager les formations des cadres supérieurs avec tout son réseau de conseillers.

Ce genre de question se posent-elles dans votre cabinet? Quelles actions sont prises pour diminuer les risques d’inconduites sexuelles dans vos milieux de travail?

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